3 ans de prison avec sursis et 375.000 euros d'amende ont été requis mardi après-midi devant le tribunal correctionnel de Foix à l'encontre de l'ancien curé de Saint-Lizier (Ariège) pour avoir siphonné pendant 25 ans plus de 700.000 euros provenant en majorité du denier du culte de sa paroisse
L'ancien curé de Saint-Lizier a une petite forme. Son avocate a produit devant la justice un certificat médical. L'état de santé de René Heuillet, 81 ans aux prunes, ne lui a donc pas permis de se déplacer à l'audience du tribunal correctionnel de Foix, où il devait répondre du détournement systématique, un quart de siècle durant, des dons de paroissiens et des bénéfices des ventes de bougies votives.
Devant une salle comble, cela n'a pas empêché le procureur François Hébert de requérir 3 ans de prison avec sursis, assortis de l'amende maximale prévue pour abus de confiance, soit 375.000 euros, à l'encontre du prêtre. Une peine qu'il a a souhaité "exemplaire". Le procureur a en outre exigé la restitution des sommes détournées, évaluées par l'accusation à 780.000 euros.
L'avocate du curé indigne, Me Karine Briene, avait expliqué que son client était "anéanti". "Il se laisse un peu mourir, il est en très mauvaise forme, il est dans l'incapacité physique de venir", avait-t-elle précisé.
L'affaire est un "événement rare et exceptionnel", avait estimé pour sa part Me Ludovic Serée de Roch, avocat du diocèse. "Il n'y a eu que deux histoires (de détournement de fonds dans l'Eglise en France, ndlr) sur les 20 dernières années", avait-t-il indiqué.
C'est le successeur du père Heuillet à la paroisse de Saint-Lizier qui avait découvert les faits en février 2013, après le départ à la retraite du vieil homme d'église.
La quasi-totalité des fonds avaient été retrouvée sur ses comptes bancaires personnels. La justice a pu ainsi saisir à titre conservatoire 656.000 euros.
Devant la stupéfaction des paroissiens, le diocèse de Pamiers avait porté plainte avec constitution de partie civile. "Ce genre d'affaires ne doit pas ternir notre relation de confiance avec les fidèles, compte tenu de l'appel aux dons", avait protesté l'avocat du diocèse. "Depuis 2006, tous les diocèses de France ont adopté des règles comptables qui répondent à toutes les normes françaises et européennes en termes de transparence", avait ajouté Me Sérée de Roch, précisant que le diocèse de Pamiers s'était lui-même "engagé dans une réforme comptable, pour avoir une comptabilité parfaite".
L'ancien prêtre encourt trois ans de prison et 75.000 euros d'amende pour abus de confiance. Le jugement du tribunal a été mis en délibéré au 16 février prochain.
EN VIDEO, LE REPORTAGE DE LAURENT WINSBACK ET DE PASCAL DUSSOL :