Le juge Fabrice Burgaud, considéré comme un symbole du fiasco judiciaire d'Outreau, n'avait jamais parlé aux médias. A l'occasion de la sortie du documentaire "Outreau, l'autre vérité", il a donné une interview au Point. Il n'y fait pas de révélation fracassante...
Fabrice Burgaud, 41 ans, travaille désormais à la Cour de Cassation. Il y effectue des recherches documentaires et des études. Il a accepté de répondre à certaines questions du journal Le Point. Certains mais pas toutes, l'hebdomadaire précise qu'il a esquivé des questions telles que : "Pensez-vous avoir commis des erreurs lors de l'instruction de cette affaire d'Outreau ?", "Avez-vous le sentiment d'avoir été lâché par vos pairs ?". En somme, les questions les plus délicates, les plus gênantes ne trouvent pas de réponses dans cet interview réalisée par écrit et validée par la hiérarchie du juge."Je crois encore à la justice"
Il estime également également ne pas être le juge psychorigide, glacial qu'on a parfois décrit : "Rappelez vous ce justiciable qui avait dit que le juge d'instruction en charge de son dossier "suait la haine". C'est d'ailleurs une critique facile et habituelle de la défense quand un dossier est solide."
Enfin à la question : Croyez-vous aujourd'hui en la justice ? Il répond : "Oui, j'y crois, sinon je ne serais plus juge, mais je sais aussi que la justice est humaine. Comme l'a dit le président de la République très récemment, pour qu'elle puisse remplir correctement la mission qui est la sienne, son autorité doit être affirmée et elle ne doit pas être prise à partie à chaque fait divers. Cela impliquerait aussi d'éviter toute pression des médias sur les affaires en cours. "
Le juge Burgaud et l'affaire d'Outreau
Fabrice Burgaud est nommé le 1er septembre 2000, juge d'instruction au tribunal de grande instance de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). C'est son premier poste. Il hérite de l'enquête sur l'affaire de pédophilie d'Outreau quelques mois après son arrivée. Un an et demi plus tard, il est nommé au parquet de Paris. Avant que son instruction ne soit contesté de toutes parts. 17 personnes ont été mises en examen dans cette affaire. Elles comparaissent en mai 2004, devant la cour d'assises du Pas-de-Calais. À l'audience, Myriam Badaoui avoue le viol de ses enfants, mais disculpe la plupart des accusés. Treize sur dix-sept accusés ont été acquittés.À la suite de l'acquittement général au procès en appel à Paris, l'Assemblée nationale décide fin 2005 de créer une commission d'enquête parlementaire.
Le 8 février 2006, Fabrice Burgaud est auditionné par cette commission. Il estime, « avoir effectué honnêtement son travail sans aucun parti pris d'aucune sorte ». Les acquittés regrettent alors que le juge Burgaud n'ait jamais présenté ni excuses, ni regrets.
Le vendredi 24 avril 2009, le Conseil supérieur de la magistrature inflige à Fabrice Burgaud une « réprimande avec inscription au dossier ».