La ville de Lille, dirigée par Martine Aubry (PS), a "mis en veille temporairement" son jumelage avec la commune de Safed en Israël, en réaction aux bombardements de Gaza pendant l'été, a-t-on appris mardi auprès du conseil municipal.
La décision a été prise "en majorité municipale de mettre en veille temporairement nos relations institutionnelles avec la ville de Safed", a déclaré Marie-Pierre Bresson, adjointe déléguée à la coopération internationale et européenne (groupe EELV), lors d'une réunion lundi soir du conseil municipal, selon le compte rendu des délibérations publié sur le site de la mairie. Cette décision accompagne "des initiatives prises notamment par le parlement européen pour réclamer le gel des accords privilégiés avec Israël afin de faire pression (...) sur le gouvernement et accélérer la résolution du conflit", a-t-elle ajouté.
Le jumelage n'est ni arrêté, ni suspendu, a souligné Martine Aubry à cette même réunion du conseil, qui a rappelé que la ville était engagée depuis de nombreuses années pour la promotion de la paix au Proche-Orient et avait pris position pour l'existence de deux Etats, israélien et palestinien. Pendant l'été, plusieurs milliers de manifestants avaient défilé dans les rues de Lille pour réclamer l'arrêt des bombardements à Gaza et une pétition avait été lancée par l'association France-Palestine Solidarité pour la rupture du jumelage avec Safed. Martine Aubry a indiqué avoir "ressenti cette émotion" mais refusé de couper tous les liens.
"Je n'ai pas pu accepter que parmi les manifestants, je dis parmi car ils étaient minoritaires, fusent des slogans antisémites", a précisé Mme Aubry. "Nous continuons à vouloir demander la paix et essayer de défendre à notre modeste place cette idée qu'on doit garder des relations", a-t-elle poursuivi. Un versement de 15.000 euros a par ailleurs été voté par le conseil municipal pour aider à la reconstruction de Gaza. La ville de Lille est également jumelée avec Naplouse, en Cisjordanie. "C'est parce qu'on a tenu très longtemps sans fléchir la position de la ville qui consiste à dire que nous avons deux partenariats (avec les Palestiniens et avec les Israéliens ndlr), que nous pouvons à un moment dire qu'on monte le curseur", a déclaré à l'AFP Marie-Pierre Bresson. "On va reconstruire de nouveau, et on ne demande pas d'explication, pas de compte, ce n'est pas acceptable", a-t-elle ajouté, au sujet des destructions à Gaza.