"Mamie Loto", décédée le 25 décembre et condamnée début novembre à six mois de prison avec sursis et 120.000 euros d'amende par le tribunal d'Arras, pour avoir organisé 169 lotos illégaux en un peu plus de quatre ans, avait écrit un long courrier à nos confrères de La Voix du Nord il y a un mois.
Ce lundi matin, Yvette Bert a été enterrée à Blendecques. L'enterrement a eu lieu dans la plus stricte intimité. Ses sept enfants ont organisé la cérémonie. Quelques heures plus tard, La Voix du Nord a révélé le contenu d'une lettre envoyée par celle qu'on a surnommée "Mamie Loto". Dans ce courrier écrit un mois pile avant son décès, elle tentait à nouveau de se défendre et clamer son intégrité : «Je ne suis pas un ange, ni un démon. J’ai essayé d’aider les autres. Au maximum. Je n’ai jamais franchi la ligne jaune."
Elle reconnaissait également dans ce courrier avoir "fait trop de lotos" mais ne comprenait pas pourquoi on s'en prenait à elle alors que d'autres font la même chose : "Il y a des associations dans la métropole lilloise qui en font bien plus. J’en connais qui réunissent 250 personnes tous les vendredis. Cela fait dix ans. Ils donnent des lots de 500 euros, la moitié en espèces, l’autre en carte cadeaux. Et les autorités sont au courant."
"Je n'ai plus rien plus à perdre"
Elle plaidait également la bonne foi sur la tenue de ses comptes et la gestion de ses lotos : "Je faisais des livres de compte. Mais pas comme la douane aurait voulu que je les fasse. Encore fallait-il le savoir. (...) Quant aux sommes indiquées dans les journaux (460 000 euros récoltés environ), il faut savoir que j’avais des frais : l’achat de lots, les locations de salle, l’électricité, l’eau, le chauffage… Il ne m’en restait que la moitié, que je donnais aux associations et aux personnes qui avaient un gros problème. Et quand on dit que je n’ai donné que 22 000 euros, c’est faux."Et elle concluait sur un fort sentiment d'injustice : "Pendant mon procès, il y avait beaucoup de caméras. Il fallait que je sois condamnée. Certains organisateurs ont peur depuis. C’était le but. Je n’ai plus rien à perdre. Je vais faire appel. Je ne veux pas être plus forte que nos grands dirigeants, mais je veux être plus fière qu’eux."
Cette lettre était signée ainsi : "Yvette Bert, dite Mamie Yvette (le nom de Mamie Loto a été inventé). "
Cette affaire avait suscité un vif émoi bien au-delà des frontières de la région Nord Pas-de-Calais. La retraitée avait reçu des soutiens de toute la France. Elle avait fait appel de sa condamnation. Du fait de son décès, l'action judiciaire est éteinte.