Calais : une clinique d'urgence pour les migrants dans la "new jungle"

Depuis une semaine, quatre associations mènent une "opération d'urgence humanitaire" dans la "New Jungle" où les migrants se sont installés dans des cabanes de fortune, à cinq kilomètres du centre-ville.

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Abdelrahim souffre d'asthme, Massi boîte depuis sa chute d'un camion, Salomon traverse une crise de paludisme: à la clinique mobile de Médecins du monde à Calais (nord), les réfugiés défilent, avec chacun une urgence liée à son parcours d'exilé.  Médecins du monde soigne les malades, le Secours catholique Caritas distribue des "kits-cabanes" avec planches et couvertures, Solidarités international installe des blocs sanitaires, et le Secours islamique distribue des colis alimentaires.

"Calais fait aujourd'hui partie des urgences"

L'opération n'a pas vocation à durer, étant pour le moment limitée à quelques semaines; au-delà de l'aide, l'idée est aussi d'alerter les pouvoirs publics et
l'opinion, alors que le campement installé au printemps sur cette ancienne décharge, près du centre d'accueil de jour Jules-Ferry, a grossi jusqu'à compter près de 3.000 personnes à son maximum. Le centre lui-même propose des douches et des repas, mais il n'ouvre qu'entre midi et 19H00; conçu pour 1.500 personnes, il approche la saturation. Sur le campement, "les conditions de vie sont désastreuses", soupire Vincent Deconinck, chargé de mission au Secours catholique du Pas-de-Calais, en montrant le bas-côté de la route gravillonnée où les détritus s'entassent.

A perte de vue, les cabanes recouvertes d'un épais plastique noir émergent de la lande. Des vêtements sèchent sur les buissons, des hommes se lavent accroupis au point d'eau, un autre pousse un caddie empli de jerrycans. A la clinique, Abdelrahim vient d'être appelé dans le chalet en bois réservé au
médecin - un autre, à quelques mètres, sert d'infirmerie. Il ôte son anorak et demande du sirop "pour arrêter de tousser". "Le problème vient de la poussière. Vous avez une inflammation des bronches", lui explique le médecin avant de lui donner un inhalateur à utiliser deux fois
par jour - "le matin après la prière, le soir à la rupture du jeûne", en raison du ramadan.

Traumatismes liés aux chutes

"On voit beaucoup de traumatismes dus aux chutes quand ils essaient de monter dans les camions", explique le docteur Christelle Almanric, alors qu'un migrant est mort cette semaine en tentant de gagner la Grande-Bretagne. "Il y a pas mal d'irritations des bronches liées aux fumées qu'ils inhalent lorsqu'ils brûlent les détritus, des cas de gale aussi", ajoute le médecin, plus habitué aux missions au Liberia ou en Ukraine. "Mais Calais fait aujourd'hui partie des urgences", soupire-t-elle.


S'ils veulent se faire soigner, les migrants doivent en effet se rendre à l'infirmerie de Jules-Ferry ouverte quelques heures par jour, ou marcher une bonne heure jusqu'à l'hôpital. Du côté des pouvoirs publics, on ne nie pas la situation. "On a commencé à mettre en place un dispositif mais la situation est mouvante, et on est en train de voir comment le faire évoluer", assure la préfète Fabienne Buccio, qui fait valoir les aménagements - points d'eau, douches et éclairages - déjà réalisés.

"La seule façon d'avoir de la dignité sur Calais, c'est d'avoir un camp organisé"

"Les associations ont leur place, nous avons besoin les uns des autres", ajoute-t-elle, expliquant que "tout ce qui peut améliorer le sort des migrants, je ne vois pas pourquoi je serais contre". Même si elles se félicitent des progrès réalisés ces dernières semaines, les associations jugent que le compte n'y est pas. "On reste en dessous des normes internationales pour les camps de réfugiés", soupire Cécile Bossy, la coordinatrice du programme pour Médecins du monde. Car pour les associations, "il faut sortir de la logique du camp dans laquelle les migrants survivent, pour les accueillir dignement".
Une demande qui rejoint celle de la mairie. "Depuis l'augmentation du nombre des migrants, on demande un camp de type HCR" explique Emmanuel Agius, premier adjoint. "La seule façon d'avoir de la dignité sur Calais, c'est d'avoir un camp organisé".
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