Le terminal GNL de Dunkerque, achevé à 93%, devrait être prêt dans les temps (fin 2015) pour soutenir les ambitions d'EDF sur un marché du gaz naturel liquéfié en redémarrage.
Après quatre ans de chantier, le terminal GNL de Dunkerque est bientôt prêt à soutenir les ambitions d'EDF sur un marché du gaz naturel liquéfié en redémarrage. "Le chantier est achevé à 93%", a déclaré lors d'une visite Sylvie Lebreux, directrice projet RH et communication de Dunkerque LNG, société détenue à 65% par EDF, à 25% par le belge Fluxys et à 10% par le pétrolier français Total. Ce terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) est le deuxième plus important chantier industriel en cours en France, derrière celui du réacteur nucléaire EPR de Flamanville, également mené par EDF. Mais contrairement à Flamanville, qui accumule les retards, Dunkerque LNG sera livré à l'heure, fin 2015, et respectera le budget de 1 milliard d'euros, assurent ses dirigeants.
Deux mois de tests avant la mise en service
Mi-août aura lieu l'inondation du tunnel, a expliqué Sylvie Lebreux. Cet ouvrage amènera de l'eau tiède rejetée par la centrale nucléaire de Gravelines,toute proche, pour réchauffer le GNL, qui arrive à -160°, et ainsi le faire repasser à l'état gazeux. Un procédé unique qui évitera de brûler du gaz mais qui a considérablement complexifié le chantier : il a fallu creuser sur 5 km, par 40 mètres de fond dans la couche d'argile, pour déboucher sous la centrale.
Fin octobre, le premier méthanier accostera et après deux mois de tests viendra la mise en service opérationnelle, a détaillé Marc Girard, président de Dunkerque LNG. Le dirigeant met en avant les atouts du terminal: sa taille, avec trois réservoirs d'une capacité de 190.000 m3, parmi les plus grands d'Europe, son port en eau profonde, qui le rend accessible toute l'année, ou encore sa flexibilité, pour accueillir toutes les tailles de méthaniers, utiliser seulement une partie des capacités de stockage et varier les volumes envoyés sur les réseaux belge et français, en fonction de la demande.
Des surcapacités à court terme
Si à long terme le marché du GNL a de belles perspectives de croissance (4% par an en moyenne d'ici à 2025, selon le cabinet IHS, contre 2% pour le gaz en général), à court terme, il est en surcapacité en Europe. Ces dernières années, la croissance chinoise et la suspension du nucléaire au Japon après Fukushima ont tiré la demande et gonflé les prix en Asie, incitant les méthaniers à desservir plutôt ce marché. De plus, l'Europe compte déjà 23 terminaux méthaniers, dont trois en France, propriété d'Elengy, filiale d'Engie (ex-GDF Suez)."Le marché du GNL restera compliqué en 2016-2017", reconnaît Marc Girard. "Mais on construit pour le long terme", ajoute-t-il, assurant que la mise en service se fera "sur un marché en redémarrage". Sur les 13 milliards de m3 par an de capacité de Dunkerque LNG - environ 20% de la consommation française de gaz naturel - EDF en a déjà réservé 8 milliards et Total 2 milliards, via des contrats sur 20 ans. Le reste devra trouver preneur sur le marché. Un "risque commercial résiduel" selon Marc Girard, qui affirme avoir déjà des "contacts informels" avec des acteurs intéressés.