Les lèvres grimées de noir-jaune-rouge, les couleurs de la Belgique, par "empathie" avec les victimes de l'attentat du métro de Bruxelles, le plasticien français Guillaume Bottazzi brosse depuis un mois une peinture géante à deux pas du quartier général d'une Europe qu'il juge "fragilisée".
Du haut de son échafaudage, dressé à Bruxelles sur la façade aveugle d'un immeuble de la place Jourdan, le plasticien français Guillaume Bottazzi trace à la peinture à l'huile de grandes courbes colorées, où l'ocre et le jaune dominent, sur un support de béton recouvert de toile.
L'oeuvre abstraite de 16 mètres de haut pour 7 de large, entamée début octobre, devrait être achevée d'ici un mois si la capricieuse météo belge le permet. L'artiste, né à Lyon (France) en 1971 et qui a élu domicile en Belgique depuis six ans, après avoir vécu en Italie, au Japon ou encore aux Etats-Unis notamment, a à son actif plus de 40 projets réalisés dans l'espace public, du musée de Sapporo (Japon) au quartier de la Défense à Paris.
"Emmener le public dans un monde irréel"
Pour réaliser le tableau de la place Jourdan, Guillaume Bottazzi se met à l'ouvrage sept jours sur sept, "du lever au coucher du soleil", observant les fonctionnaires européens et les habitants du quartier déambuler à ses pieds et, pour certains, s'arrêter un instant pour observer son travail ou lui adresser un amical geste de la main."On est ici à 500 mètres de la station de métro (Maalbeek) qui a été attaquée dans le cadre des attentats" du 22 mars, relève l'artiste, qui bénéficie du soutien de la Commission européenne, dont les bâtiments sont situés au bout de la rue.
"On connait les résultats du Brexit... Donc, on est dans un contexte qui m'induit à vouloir emmener le public ailleurs, autre part, dans un monde irréel", ajoute Guillaume Bottazzi, convaincu que son oeuvre redonnera un "sentiment de bien-être" aux Bruxellois comme aux Européens de passage.