Les plages de Vendée et de Charente-Maritime ont enregistré 60% des échouages recensés depuis le 1er janvier.
Les spécialistes des cétacés s'inquiètent de cette situation hors normes qui serait dûe à une augmentation des captures accidentelles par des engins de pêche dans le Golfe de Gascogne.
C'est l'observatoire PELAGIS de La Rochelle et le Réseau National d'Echouage qui tirent la sonnette d'alarme.
Selon les données qu'ils ont pu recueillir le phénomène d'échouage de dauphins sur la côte Atlantique a été particulièrement intense au cours des périodes de vent fort, début février et début mars.
490 échouages ont été enregistrés sur les seules plages de Vendée et de Charente-Maritime depuis le début de l'année.
Dans plus de 90 % des cas il s’agissait de dauphins communs dont l’état des carcasses indiquait une mort survenue entre 3 et 20 jours avant leur découverte.
Pour les scientifiques les tempêtes ne seraient pas responsables de la mort des animaux.
Elles n'auraient eu pour seul effet que de rendre visible cette mortalité en concentrant les échouages d'animaux morts plus au large sur une courte période.
L'examen des cadavres des dauphins éhcoués depuis le début de l'année a montré qu'une grande majorité d'entre eux portait des traces d’une capture accidentelle dans un engin de pêche. Ces traces externes auraient été causées soit directement par les engins de pêches (traces de maillages), soit par la manipulation des animaux lors de leur remontée à bord des navires (fractures, amputations antérieures à l'échouage).
Les analyses permettent de mettre en évidence deux zones probables distinctes de mortalité : soit une capture récente dans les engins de pêche près des côtes de Charente-Maritime et de Vendée à environ 30 à 80 km des côtes, soit une capture survenue plusieurs jours avant, plus au large, à proximité du talus continental à environ 150 km des côtes.
Des hypothèses confirmées par certains pêcheurs qui indiquent que de nombreux groupes de dauphins ont été observés en ce début d’année sur leur zone de pêche.
Seule une fraction des animaux morts en mer atteint les côtes et s’échoue.
82 % des dauphins morts en mer couleraient et se décomposeraient dans l'océan avant de s’échouer.
Sur l’ensemble des dauphins communs échoués ces dernières semaines le long de la côte atlantique on estime donc que plus de 3 500 dauphins seraient morts en mer depuis le début d’année.
Selon l'observatoire PELAGIS, sur la bases de ces estimations, le taux de mortalité observé chaque année dans le golfe de Gascogne pourrait ne pas être soutenable à terme pour la population de dauphins communs.
Reportage : Nathalie Combès, Marc Millet et Nadine Pagnoux-Tourret
Intervenants : Willy Dabin : ingénieur à l'observatoire Pelagis ; Vincent Ridoux : directeur de l'observatoire Pelagis