Ils sillonnent les routes pour plonger dans les caves et greniers des mairies du Périgord. Ces archivistes mobiles ont pour mission de sauver les documents exceptionnels de la paperasse qui encombre les communes
Des milliers et des milliers de pages à scruter, des cartons, valises et classeurs de documents entassés depuis des générations. Et parmi les tonnes de documents inutiles, scrupuleusement conservés par des agents communaux zélés, des documents importants et quelques perles historiques de haute valeur. Cadastres napoléoniens, plans de travaux publics, recensements, états civils, relevés d'imposition, procès verbaux, une véritable mine d'or à explorer.
Dans les petits papiers de la mairie
Trier ce qui relève du trésor documentaire ou de la pièce importante de ce qui n'est qu'un papier sans valeur est un travail de fourmi, et surtout de spécialiste. Dans les petites communes qui pour la plupart n'ont jamais eu la chance d'avoir d'archivistes, les papiers ont généralement été conservés en intégralité, par obligation légale, et à toutes fins utiles. Compliqués à conserver mais impossibles à détruire, ils se sont donc accumulés années après années, encombrant les bureaux, avant d'être remisés sur les rayonnages des caves et des greniers.
Mettre à jour et protéger si nécessaire
Les années passant en même temps que les équipes municipales, les maires d'aujourd'hui sont bien en peine de dire ce qui s'entasse dans ces chemises poussiéreuses au fond des placards. La culture du papier dans le tiroir-classeur à roulettes avec pochettes à onglets date d'un temps que les secrétaires de mairie de moins de trente ans ne peuvent pas connaître.
Pour les mairies qui veulent faire le ménage,il n'y a guère d'autre solution que faire appel à des professionnels pour séparer le bon grain de l'ivraie. Mission d'autant plus délicate que certains documents ont une réelle valeur sociologique, patrimoniale, voire historique. " L'objectif c'est de les mettre à jour, de les inventorier, et de les protéger si nécessaire." explique Karine Barde, la responsable du service des archivistes itinérants du centre de gestion de la Dordogne.
Exhumer, classer, former
Partenaire des collectivités du département, le Centre de Gestion de la Dordogne a créé ce service en 2004. Six archivistes se partagent le territoire. Ils interviennent à la demande des collectivités pour les assister dans leur obligation de conservation des documents officiels et fonds historiques. Plus de 250 communes ont déjà eu recours à ce service. Sur place, les archivistes inventorient, trient et classent les dossiers, éliminent ceux qui peuvent l'être légalement avec l'accord de la commune et forment le personnel municipal pour l'archivage et la navigation dans les fonds conservés.
Dossiers et informations sont également échangés avec le service des Archives départementales de la Dordogne qui peut prendre en charge une partie des documents.
40 à 45 % d'espace libéré
Le résultat est souvent spectaculaire. Le gain de place est conséquent, en moyenne 40 à 45% du stock de départ. Et le gain de temps pour d'éventuelles recherche également. Répertoriés et cotés dans un fichier informatique, les documents sont immédiatement disponibles en cas de besoin. Ils peuvent aussi être valorisés sous forme d'expositions, de présentations scolaires ou de monographies.
Les communes déjà traitées peuvent faire l'objet de mises à jour, moyennant quelques journées à l'année. Tout cela a un coût, 45 €uros de l'heure d'archiviste, déplacement compris. Quant au nombre d'heures nécessaires, tout dépend bien sûr de l'état, de la nature et de la quantité d'archives à traiter. Le Centre de Gestion propose même un devis gratuit. De quoi s'attaquer enfin à ces cartons qui traînent dans l'arrière-salle depuis si longtemps !