Sur sept hectares, la plus grande forêt comestible d'Europe devrait voir le jour à Estibeaux, dans les Landes. Un concept qui existe déjà au Canada et en Angleterre. L'objectif : proposer une agriculture qui s'inspire des méthodes d'antan.
C'est le projet un peu fou ou visionnaire de Yoann Lang qui travaille sur cette démarche écologique et alimentaire depuis des années. Grâce à un financement participatif et de nombreux partenaires, il est en train de donner vie à cette forêt de Higas et ses 60 000 arbres, arbustes et bosquets sur sept hectares. Pour Yoann et son ami Franck Lustig, c'est "loin d'être une utopie, ce projet est mûrement réfléchi et calculé. Le dossier est complet, validé par la chambre de l'agriculture, un partenaire bancaire nous finance pour le foncier. Pour l'instant une prairie de sept ha en jachère depuis sept ans".
Sur sept hectares, donc, de ce qui était une parcelle dédiée à la monoculture du maïs, ils ont voulu créer cette forêt "corne d'abondance" alimentaire et "havre de paix" pour la biodiversité. 60 000 sujets devraient y trouver leur place d'ici la fin 2021 dont un millier de plantes comestibles.
L'idée, c'est bien-sûr de planter mais surtout de créer toutes les conditions d'une forêt sauvage dont les "acteurs" pourraient recréer les interactions habituelles de leurs biotopes. "Nous allons reproduire ce que fait la nature dans une forêt sauvage. Forte densité des plantations, mélange des espèces, lianes poussant sur les arbres et couvre-sols sous les buissons: Notre production sera dite comme "étagée"".
Sans recourrir aux pesticides. Pour cela, la main d'oeuvre peut être nécessaire. C'est pourquoi, ils pensent introduire rapidement des animaux pour "l'entretien des parcelles et là encore imiter au mieux la nature".
En plus des fruits et légumes habituels et locaux, la Forêt de Higas a pour ambition d'avoir une bien plus grande diversité de produits, de façon à répondre localement aux besoins des habitants.
Pleurotes, Reiishi et Shiitaké seront produits sur billes de bois, pendant que la Spiruline colonisera notre ancien pressoir à vin transformé en bassin. Baies de goji, citrons Yuzu et caviar ou encore poivre de Sichuan composeront nos haies.
Energie solaire et gestion de l'eau
Tout ne va pas se faire en quelques semaines mais la démarche se doit d'être respectueuse de l'environnement, et autosuffisante. Les ressources ont été pensées, l'eau avec notamment un ruisseau irrigant les cultures mais aussi l'énergie solaire pour alimenter la verrière photovoltaïque. Celle-ci sera dédiée à la forêt tropicale permettant la production de bananes, cacao, café, thé, avocats et agrumes...
Mais tout reste à faire! Car à terme Yoann voudrait pouvoir nourrir une cinquantaine de personnes via une vente directe des fruits et légumes ou via des coopératives voire des distributeurs automatiques...
En images > l'idée prend forme comme nous le raconte Julie Chapman et Laurent Montiel.