La communauté universitaire ne souhaitait pas rester hors du jeu politique en pleine élection présidentielle. La Conférence des présidents d'université appelle à voter le 7 mai contre Marine Le Pen. Yves Jean, président du campus de Poitiers, se joint à cet appel "au nom des valeurs républicaines".
Le président de l'Université de Poitiers, Yves Jean, a fait son choix. Le 7 mai prochain, pour le second tour de l'élection présidentielle, il se prononcera contre le Front National. Il rejoint ainsi l'appel de la Conférence des présidents d'université qui se mobilise contre Marine Le Pen.
Elle rassemble les responsables de 129 établissements d’enseignement supérieur et de recherche français, dont ses 73 universités, en métropole et outre- mer .
Il revendique l'ouverture de son université vers le monde et craint que le programme de Marine Le Pen mette à mal des décennies de travail. "Nous avons l'honneur d'accueillir plus de 4000 étudiants étrangers, notamment d'Afrique Sub-Saharienne. En droit, par exemple, nous formons la quasi-totalité des juristes du Togo, pour ainsi dire. C'est une véritable richesse que nous souhaitons conserver." Le projet de la candidate frontiste serait donc aux "antipodes" des "valeurs républicaines" portées par la faculté.
"Poitiers compte parmi les trois universités en France à accueillir des réfugiés de Syrie", poursuit Yves Jean, qui ne se sent pas tenu à la neutralité : "Les recteurs sont nommés par le gouvernement. Pas moi. J'ai été élu sur un projet structuré par des valeurs."
D'autres présidents d'universités se sont prononcés dans le même sens qu'Yves Jean : Alain Bonnin, président de l'université de Bourgogne, Frédéric Dardel, président de l'université de Paris-Descartes. Le 25 avril, la Conférence des Présidents d'Universités a publié sur son site "un appel à voter contre les extrémismes", et au soir du premier tour, le président de l'Université de Bretagne partageait sa position sur son compte twitter.
l'ensemble des idéaux universitaires appelle ce soir à faire barrage au Front National @CPUniversite @UBO_UnivBrest
— Matthieu Gallou (@MatthieuGallou) 23 avril 2017
Le bras de fer avec le FN commence
Le président de l'université de Poitiers se dit "choqué" par l'apathie des jeunes dans cet entre-deux tours et souhaite combattre "la banalisation du Front National", un "parti pas comme les autres" : "Remarquez que je ne me suis pas exprimé au premier tour... Je laisse évidemment à tout le monde avoir son propre point de vue."La réaction du FN n'a pas tardé. Par la voix d'Alain Verdin, le parti dénonce un "scandale démocratique" : "Cette démarche au sein d’un organisme de la fonction publique notamment l’éducation nationale est déplorable et interdite."
Le Front National de la Vienne a déposé une main courante au commissariat et a saisi les instances nationales du parti pour donner suite à cet appel qu'Alain Verdin qualifie de "déplacé" et de "déplorable".