Dans certains quartiers de Toulouse, l'été des habitants est pourri par le moustique tigre

De nombreux habitants de la métropole toulousaine se plaignent d'une recrudescence de moustiques en cet été. Est-ce vrai ? Comment faire pour s'en débarrasser ? Pourquoi n'y a-t-il pas de démoustication massive ? Réponses.

Théo (nous avons volontairement changé son prénom pour des raisons d'anonymat), un enfant de 18 mois, ne passe plus de temps dans le jardin de la maison toulousaine de ses parents. Courant juin, il a été piqué à plusieurs reprises par des moustiques. L'enfant a eu une réaction allergique : de gros boutons, infectés... Dans la foulée, il a développé une cellulite infectieuse, une maladie qui a attaqué ses défenses immunitaires. Hospitalisé durant une semaine, il est désormais sous traitement antibiotique permanent.


2017, annus horribilis

Evidemment, tous ceux qui se font piquer ne développent pas ce type de maladie. Mais cette année, la présence des moustiques tigres dans la ville s'est développée à tel point que dans certains quartiers on ne parle (presque) que de ça. "Le moindre barbecue sur la terrasse, explique ce Toulousain, et c'est l'assurance de se faire "bouffer". On a acheté tout l'attirail de produits pour repousser les moustiques mais ce n'est pas très efficace". Marie, autre toulousaine, constate : "Avant les moustique sortaient à la fraîche dans la soirée. Maintenant on est piqué en pleine journée, dans son jardin ou dans les parcs".
Alors l'année 2017 est-elle vraiment une année à moustiques ? "Concernant le moustique tigre, explique Isabelle Moussion, ingénieure santé-environnement à l'agence régionale de santé (ARS), il faut de l'eau et de la chaleur. Or au printemps, dans la région de Toulouse les périodes de pluie ont alterné avec des périodes de fortes chaleurs. Cette présence massive remarquée par les Toulousains est donc en cohérence avec les phénomènes climatiques"

Des opérations de prévention...

La question du moustique est même arrivée sur le bureau du maire LR de Toulouse Jean-Luc Moudenc. Dans une question posée par un internaute sur la présence du moustique tigre dans le quartier de Saouzelong, le maire a répondu que la meilleure prévention passe par des actions individuelles, notamment pour éradiquer les zones de ponte.

Prévention par l'éducation, donc. Supprimer les coupelles d'eau sous les plantes, ou les remplir de sable, faire la chasse à la moindre eau stagnante qui pourrait se transformer en nurserie pour bébés moustiques ! Des actions individuelles (lire encadré ci-dessous), parfois plus faciles à dire qu'à réaliser. Y compris pour les services de la voirie, comme le fait remarquer cet internaute : 
Accompagnée d'une photo parlante : 

... mais pas de démoustication massive !

Quant à des opérations chimiques d'épandage massif de biocide, il n'en est pas question, à Toulouse comme à ailleurs. Et pour plusieurs raisons, compréhensibles. "La première, explique Isabelle Moussion de l'ARS, c'est qu'une utilisation trop fréquente du biocide qui tue les insectes adultes conduirait à une forme de résistance au biocide et donc à une escalade dans les produits qui deviendraient de plus en plus nocifs pour les mammifères, donc pour l'Homme. La seconde, c'est que le produit n'a une durée de vie que de 8 jours. Il faudrait donc le répandre toutes les semaines !".
Impossible donc "d'arroser" toute la région Occitanie, tous les 8 jours, de produits chimiques ! Imaginez les réactions. Déjà, à certains endroits, des habitants se mobilisent contre ces épandages. Pourtant, ils ne sont actuellement réalisés que dans un cas : une déclaration médicale, à la suite de la découverte d'un voyageur porteur d'un virus (Zika, Dengue ou Chikungunya). Le but : éviter que le malade ne contamine un moustique tigre qui pourrait à son tour contaminer un habitant. 

28 communes colonisées, toutes en périphérie de Toulouse

C'est le Conseil départemental, en lien avec l'ARS, qui a cette responsabilité. Sur signalement de l’ARS, le Laboratoire Départemental de la Haute-Garonne mène des enquêtes entomologiques pour identifier la présence du moustique tigre dans l’environnement de personnes ayant contracté l'un de ces virus au retour de séjour en zones infectées, et ainsi éviter la transmission locale de ces maladies. En 2016, 52 enquêtes ont ainsi été menées dans le département. Huit cas de moustiques ont nécessité des traitements par pulvérisation d’insecticide, via l’Entente Interdépartementale de Démoustification Méditerranée (EID Méditerranée).
Depuis 2013 (année de présence avérée du moustique tigre en Haute-Garonne), le Conseil départemental a mis en place, via le Laboratoire Départemental 31 Eau/Vétérinaire/Air (LD31EVA), un réseau de surveillance de la progression du moustique tigre : 54 pièges pondoirs répartis sur 27 communes de la Haute Garonne permettent ainsi d’évaluer chaque mois la migration et la prolifération du moustique. Fin 2016, on comptait 28 communes colonisées, toutes en périphérie de Toulouse.


Un combat quotidien : tous concernés

"J'en ai ras-le-bol de la non-activité des pouvoirs publics, réagit le papa du petit Théo. Même si je reconnais que des eaux stagnantes sur la voie publique sont régulièrement pompées et des zones sont assechées. Mais à l'averse suivante, ça recommence. Il faut que tout le monde prenne conscience du problème, pas seulement les particuliers".
Pour Isabelle Moussion, ingénieure à l'ARS, le problème réclame une "vigilance de quartier". "Il n'y a pas de combat possible face au moustique tigre sans une prise de conscience collective au niveau du quartier. Un moustique parcourt entre 150 et 200 mètres autour de l'endroit où il né. Si vous videz vos coupelles mais que votre voisin ne le fait pas, c'est en pure perte. Il faut donc se mobiliser à l'échelle d'un quartier, par exemple en se disant que tous les lundis on vide les coupelles sous les pots de fleurs"
Le moustique-tigre a une durée de vie d'un mois. Peu de choses lui font peur. Mais il déteste un truc : le vent. De là à souhaiter que le vent d'Autan souffle plus souvent à Toulouse...

Ce qu'il faut faire
Voici les petits gestes du quotidien recommandés pour empêcher la prolifération du moustique :
  • éliminer les endroits où l’eau peut stagner à l’intérieur comme à l’extérieur,
  • supprimer les petites réserves d’eaux stagnantes dans tout réceptacle : seaux, coupelles des pots de fleurs, pneus usagés, encombrants…
  • vérifier le bon écoulement des eaux de pluie et des eaux usées des gouttières, les nettoyer régulièrement, bien curer les rigoles d’évacuation,
  • penser à entretenir les sépultures dans les cimetières, lieux propices au développement des moustiques,
  • introduire des poissons rouges, friands des larves des moustiques, dans les bassins d’agréments,
  • couvrir les réservoirs d’eau (bidons d’eau, les récupérateurs d’eau, citernes, bassins) avec une moustiquaire, un voile ou un simple tissu ainsi que les piscines hors d’usage.
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