Des agressions à l'arme blanche semblent se multiplier dans les rues de Toulouse (Haute-Garonne). Dernière affaire en date : une prostituée, gravement blessée par un pseudo-client. Ce phénomène prend-il de l'ampleur ? "C'est une constante toulousaine", selon le procureur de la République, Samuel Vuelta-Simon.
Tuer par arme blanche est le mode opératoire le plus fréquent, selon une note de la Direction nationale de la police judiciaire révélé par France Info. Près de quatre homicides par arme blanche sur 10 se produisent sur la voie publique. Et selon le dernier rapport de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, en 2020, on dénombrait 120 attaques au couteau par jour en France. Un phénomène en augmentation et Toulouse n'y échappe pas.
"Une constante toulousaine"
Il ne se passe une semaine sans que les équipes de secours à Toulouse soient alertées pour prendre en charge un blessé ou, pire encore, un mort par arme blanche. Des coups de couteau souvent portés en pleine rue. Dernière affaire en date : une prostituée a été agressée et gravement blessée après avoir reçu plusieurs coups de couteau, dimanche 26 mai 2024, place Belfort, en centre-ville.
La victime, âgée de 57 ans, a été opérée et ses jours ne sont plus en danger. L'agresseur, lui, a été mis en examen. Il avait déjà été condamné pour le meurtre d'une travailleuse du sexe, en 2007 et condamné à 20 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Haute-Garonne.
"La semaine précédente, c'était une rixe entre personnes SDF", précise le procureur de la République. Depuis sa prise de poste en 2021 au parquet de Toulouse, Samuel Vuelta-Simon n'a de cesse de voir passer les dossiers d'agression à l'arme blanche.
Toutes les semaines, on a deux, trois, quatre événements au cours desquels un couteau est sorti, soit pour menacer, soit pour faire mal. C'est une constante toulousaine.
Samuel Vuelta-Simon, procureur de la République à Toulouse
Sans pouvoir se l'expliquer, Samuel Vuelta-Simon a l'impression que l'usage d'une arme blanche lors d'agression, "ce n'est pas quelque chose de nouveau." Et l'augmentation du phénomène est d'une certaine manière inévitable.
10.000 affaires pénales en plus chaque année
Y a-t-il plus d'agressions au couteau à Toulouse comme sur le plan national ? "Ce qui augmente, c'est, vous le savez, la population, répond le procureur. Et donc, proportionnellement à cette population, le nombre d'agressions augmente." Un chiffre pour corroborer ces dires : le parquet de Toulouse traite, depuis 2021, 10.000 affaires pénales supplémentaires par an.
Dans ces 10.000 affaires, forcément, il y a des agressions à l'arme blanche. Donc, c'est un phénomène en augmentation, mais constant à Toulouse et peut-être beaucoup plus qu'ailleurs.
Samuel Vuelta-Simon, procureur de la République à Toulouse
Quelle réponse de la justice face à ce phénomène ?
Si l'achat et la détention d'une arme de catégorie D sont libres, en revanche son port et transport hors de votre domicile, "sans motif légitime", sont interdits par la loi. Un motif apprécié au cas par cas. Sachez ainsi, que "prétendre que l'arme servirait à mieux affronter une altercation ou un danger ne constitue pas un motif légitime en soi."
La vigilance est de mise concernant le port ou transport d'armes blanches. Surtout que Toulouse fait partie des juridictions qui expérimentent un nouveau dispositif depuis le mois d'avril 2024. Il s'agit de l'amende forfaitaire délictuelle de 500 euros pour sanctionner ce port d'arme (400 euros si le contrevenant paie tout de suite). Le contrevenant n'est pas forcément emmené au commissariat. Les couteaux peuvent être saisis et détruits.
Début d’expérimentation d’amende forfaitaire délictuelle pour «port d'arme de catégorie D»
— Officiers et Commissaires de police (@PoliceSCSI) April 17, 2024
▶️elle peut être délivrée pour les infractions de "port et transport sans motif légitime d’arme de catégorie D" (arme blanche, grosse bombe lacrymogène, arme à impulsion électrique…)
▶️… https://t.co/eXoKK69dvO
"Lors des condamnations qui sont faites pour tel ou tel fait de violence, il y a des interdictions, pour trois ou cinq ans, de porter une arme, même blanche", tient à préciser le procureur de la République à Toulouse. "On met en place des mesures sans que ça puisse, pour l'instant faire décroître cette réalité", reconnaît toutefois Samuel Vuelta-Simon.
La France n'est pas le seul pays en proie à ce fléau. Au Royaume-Uni, 247 personnes ont été tuées lors d'attaques au couteau l'an dernier. Un triste bilan qui a poussé l'acteur, Idris Elba à s'engager dans une campagne pour réclamer des mesures radicales.