"Statistiquement, oui les violences ont augmenté" le recteur de Toulouse dénonce un problème de société après une nouvelle agression au couteau d'un élève

Après une nouvelle agression au couteau dans un collège de Toulouse (Haute-Garonne), mardi 21 mai, le recteur de l'académie de Toulouse, Mostafa Fourar, nous a accordé une interview exclusive. Il revient sur le climat de violence et ces agressions au sein d'établissements scolaires.

Mardi 21 mai, un élève de 14 ans a reçu un coup de couteau d'un camarade au collège Alphonse Lamartine de Toulouse (Haute-Garonne). Il a été transporté à l'hôpital en urgence relative. Une cellule d’écoute a été déployée au collège dès cet après-midi. Une procédure disciplinaire est engagée contre l’auteur présumé, un élève de 3ème.

Nous avons rencontré Mostafa Fourar, le recteur de l'académie de Toulouse, pour faire le point sur la situation.

France 3 Occitanie : Au lendemain de cette agression au collège Lamartine, quelles dispositions ont été prises ? 

Mostafa Fourar : Alors la première réaction - et on la doit aux professeurs qui ont été très réactifs, tout comme l'équipe de direction - c'est d'alerter la police. L'élève a été arrêté et une cellule d'écoute a été mise en place bien évidemment. Un élève est parti aux toilettes et quand il est revenu, le professeur a remarqué qu'il avait une tache de sang. Il l'a donc renvoyé vers l'infirmière qui a identifié une blessure. On n'a pas d'informations sur ce qui s'est passé exactement. L'équipe pédagogique a informé le rectorat, puis la police. L'élève agresseur a été arrêté et il sera déféré devant un juge, j'imagine aujourd'hui (mercredi 22 mai).

France 3 Occitanie : Est-ce qu'on peut dire que ce type de violence dans les établissements scolaires se multiplie ? Dans votre académie, il y a eu deux agressions significatives en trois semaines.

Mostafa Fourar : Il y a d'abord les faits de violence. Ils ne sont pas propres à la jeunesse en France et ils ne sont pas propres à nos élèves. C'est un fait de société. lls n'augmentent pas chez les jeunes. Et il y a aussi l'effet des médias et les réseaux sociaux, qui focalisent également sur ces événements. Donc forcément, cela donne une ampleur disproportionnée. Cela étant dit, la gravité de ces gestes est telle que finalement il est normal d'en parler et de le faire savoir.

France 3 Occitanie : Mais d'après vous, statistiquement ces faits sont plus nombreux ?

Mostafa Fourar : Statistiquement, oui, les violences ont augmenté. Je crois aussi qu'au-delà de ces agressions, qui sont quand même radicales, il y a d'autres faits de violences, d'autres axes de racisme et d'antisémitisme. L'académie de Toulouse y est très vigilante. Nos chefs d'établissements le sont également pour vraiment être à l'écoute et appréhender les signaux faibles de toute violence, de toute agression et de toute atteinte aux valeurs de la République notamment.

Il y a un phénomène de société, mais il y a aussi une responsabilité des parents. C'est une responsabilité collective. Le corps éducatif fait son travail. Les chefs d'établissement sont très attentifs à ses actes de violence. Les professeurs réagissent comme il faut à chaque fois.

Mostafa Fourar, recteur de l'académie de Toulouse

France 3 Occitanie : Qu'envisagez-vous pour prévenir ce genre de passage à l'acte dans des établissements scolaires ? 

Mostafa Fourar : On ne peut pas mettre un policier derrière chaque élève. On ne peut pas contrôler chaque sac. Nous n'en avons pas les moyens et personnellement, je ne l'espère pas. C'est un problème de société. Ce n'est pas parce qu'on aura contrôlé l'entrée de l'établissement, que finalement ça évitera des agressions aux abords de l'établissement. Une agression physique avec un couteau à l'extérieur de l'établissement est aussi condamnable. Donc ça ne réglera pas le problème.

Sur les trois dernières agressions, je vous rappelle que les trois élèves ont été appréhendés par la police et très rapidement mis hors d'état de nuire.

Mostafa Fourar, recteur de l'académie de Toulouse

Il y a aussi une responsabilité des parents et une responsabilité collective. Le corps éducatif accomplit son travail. Les chefs d'établissement, vraiment, sont très attentifs à ces actes de violence. Les enseignants réagissent correctement à chaque fois et les institutions, que ce soit l'institution judiciaire ou la police, ont été réactives. Sur les trois dernières agressions, je vous rappelle que les trois élèves ont été appréhendés par la police et très rapidement mis hors d'état de nuire. Après il y a une condamnation ou pas, par la justice. En l'occurrence pour le premier cas, le juge a prononcé des peines éducatives et donc les élèves sont mis sous tutelle, à la fois de l'éducation nationale, mais aussi de la justice.

France 3 Occitanie :  Au sein des établissements scolaires, y a-t-il des formations pour déceler, voir prévenir, ce genre de passage à l'acte ?

Mostafa Fourar : Non pas spécialement. Enfin, je ne vois même pas comment nous pouvons le faire. Évidemment, nous avons des assistants d'éducation, des conseillers pédagogiques d'éducation qui sont au contact des élèves. Ils peuvent appréhender certaines tensions. Mais concernant ces agressions, à chaque fois l'élève est arrivé discrètement, avec bien évidemment un couteau dissimulé. Donc c'est très difficile de prévenir ce type d'incidents.

France 3 Occitanie : C'est marginal dans cet établissement ce type d'événement ?

Mostafa Fourar : C'est un établissement avec des professeurs très engagés, très mobilisés. Par le passé peut-être, il y a eu un ou deux incidents, qui avaient donné une connotation négative. Mais depuis, l'image de cet établissement a été rehaussée par le travail pédagogique de nos enseignants et donc il y avait une dynamique positive. C'est ce qui contrarie beaucoup nos professeurs, c'est cette image qui pourrait être collée à cet établissement. Je peux vous assurer que c'est un établissement où l'environnement est favorable aux études, parce que nos professeurs sont très engagés et les équipes de direction sont très vigilantes.

France 3 Occitanie : Concernant le profil de l'agresseur, pouvez-vous nous en dire plus ? 

Mostafa Fourar : Les deux élèves ont été particulièrement suivis. Parce que les deux ont déjà eu des problèmes de comportement, donc il y avait des programmes adaptés. Je pense que l'institution éducative a accompli son travail. C'est pour ça que nous sommes arrivés à la limite de l'exercice, parce que là,  ça relève de la justice et donc on tirera toutes les conclusions qui s'imposeront.

J'en appelle bien évidemment à la responsabilité des parents en premier lieu. Nous, on apporte notre contribution à la résolution de ces problèmes, mais c'est un problème de société, je crois qu'il concerne les parents, qui concerne les élus, qui concernent d'autres partenaires avec lesquels nous travaillons.

Mostafa Fourar, recteur de l'académie de Toulouse

France 3 Occitanie : la prévention de ce type de violence est de l'ordre de la responsabilité collective ? 

Mostafa Fourar : À chaque fois que nous avons eu une agression, il y a un contexte familial très particulier. D'ailleurs, il n'y a pas de corrélation directe entre milieu défavorisé et agressions, car on trouve ce type de comportement dans différents milieux sociaux. Et donc, c'est là, où j'en appelle bien évidemment à la responsabilité des parents en premier lieu. Nous, on apporte notre contribution à la résolution de ces problèmes, mais c'est un problème de société. Je crois qu'il concerne les parents, qu'il concerne les élus, qu'il concerne d'autres partenaires avec lesquels nous travaillons. Je vous disais la police la justice mais aussi des associations.

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