Si les élus réclament le prolongement vers Toulouse de la LGV Paris-Bordeaux, le projet semble de moins en moins d'actualité. Emmanuel Macron a affirmé ce samedi 1er juillet en soirée que l'avenir n'était plus aux grands projets.
Les élus du sud-ouest réclament le prolongement vers le sud de la LGV Paris-Bordeaux mais l'avenir de ce projet semble incertain, après une décision de justice défavorable et un rapport de la Cour des comptes qui appelle à la rigueur financière.
La LGV Bordeaux-Toulouse n'est pas une priorité pour le président.
Ce prolongement avait reçu un premier coup jeudi. Alors qu'il avait été déclaré d'utilité publique et urgent en 2016, le tribunal administratif de Bordeaux, saisi par des collectifs d'opposants, avait annulé cette décision pour le tronçon Bordeaux-Saint-Médard-d'Eyrans, à une quinzaine de kilomètres plus au sud.
D'autres priorités
La ministre des Transports, Elisabeth Borne, a annoncé ce samedi 1er juillet que l'Etat allait faire appel de cette décision par souci de cohérence, comme le souhaitaient de nombreux élus locaux. Mais samedi soir, le président Emmanuel Macron a affirmé que la priorité n'était plus aux grands projets, sans toutefois explicitement évoquer le prolongement de la LGV, qui vise à mettre Toulouse à un peu plus de trois heures de Paris contre environ 4h20 avec la nouvelle ligne Paris-Bordeaux.
"Le combat que je souhaite engager pour les années à venir, ce sont les transports du quotidien", a expliqué Emmanuel Macron à Rennes, lors de l'inauguration de la nouvelle LGV reliant Paris à la capitale bretonne. "La promesse que je veux qu'ensemble nous tenions pour les années à venir, c'est ceci :
(...) ne pas relancer de grand projets nouveaux mais s'engager à financer le renouvellement des infrastructures.
Ces propos ont fait écho à ceux tenus un peu plus tôt par le président de la SNCF. "Même si c'est à l'Etat et aux collectivités de décider, notre souhait est que l'on arrête pour le moment le déploiement des lignes à grande vitesse. 2.500 kilomètres, c'est déjà une étape importante. La priorité aujourd'hui doit aller aux transports de la vie quotidienne", a fait valoir Guillaume Pepy, samedi 1er juillet dans les colonnes du Monde.
Avec une certaine ironie...
A la décision du tribunal administratif de Bordeaux s'était ajoutée, également jeudi, la publication d'un audit alarmiste de la Cour des comptes sur l'état des finances publiques hérité de François Hollande. Or, il faut de l'argent pour construire une LGV. En l'occurrence, 8,3 milliards d'euros.
"Je vous ai amené dans le TGV le rapport de la Cour des comptes qui n'est peut-être pas encore disponible dans la région", a ironisé samedi le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, en réponse aux élus du sud-ouest qui demandent leur TGV, à l'occasion de l'inauguration de la nouvelle LGV Paris-Bordeaux.
A-t-on besoin d'aller toujours plus vite, plus loin ?
"Je pense aux millions de personnes qui prennent les RER, les TER, le métro. (...) Ça fait franchement partie des souffrances souvent psychologiques des Français, et c'est à celles-là qu'il faut répondre prioritairement", a-t-il affirmé. Une LGV représente une dépense "colossale, pour l'Etat, pour les collectivités, pour le groupe ferroviaire", avait, pour sa part, souligné Elisabeth Borne.
"Des promesses qu'on sait financer"
"Le fait qu'on puisse trouver, comme l'indique le rapport de la Cour des comptes, des promesses non financées, est évidemment regrettable. Et, ce vers quoi on doit aller, c'est de s'engager vers des promesses qu'on sait financer", a-t-elle ajouté.
Les ministres n'ont pas non plus enterré la LGV Bordeaux-Toulouse et ont indiqué leur volonté d'étudier l'ensemble des projets. "A-t-on besoin d'aller toujours plus vite, plus loin ?", a interrogé Nicolas Hulot, estimant qu'"il y a un moment aussi où il faut se fixer des limites".