Environ 3000 brebis ont été rassemblées ce samedi matin près de la ferme de Bellas dans l'Aveyron pour protester contre les "méfaits" du loup.
"On ne peut pas cohabiter"Des centaines d'éleveurs et d'élus, accompagnés de milliers de bêtes, se sont rassemblés samedi en Aveyron afin de dénoncer "le massacre" causé selon eux par le loup et "la menace" que le prédateur représente pour le pastoralisme en France.
Sur un contrefort du parc naturel régional des Grands Causses, à la limite de l'Aveyron et de la Lozère, trois mille brebis environ, une centaine de bovins, des chevaux et même un lama avaient été rassemblés sur des pâturages afin de représenter visuellement le nombre des animaux tués par le loup en France depuis quatre mois.
"On nous dit que 80% des Français sont favorables au loup mais c'est parce que les gens ne connaissent pas la réalité", a expliqué Mélanie Brunet, bergère et militante du Cercle 12, collectif d'éleveurs de l'Aveyron, organisateur de la manifestation avec le Cercle 48 (pour la Lozère).
Depuis début janvier, 4.153 animaux ont été "prédatés" par le loup en France, selon la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal) d'Auvergne Rhône-Alpes, chargé du dossier au niveau national. Sur l'ensemble de l'année 2016, 10.234 bêtes ont été tuées, contre 9.112 en 2015, ajoute la Dreal.
"On ne peut pas supporter cette prédation"
a jugé Mme Brunet dans une allocution prononcée depuis une scène installée en plein champ, près de Séverac-le-Château. "Il faut remettre à plat le plan loup", a-t-elle insisté devant deux cents participants environ assis sur des ballots de foin: en majorité des éleveurs venus de l'ensemble de la France, mais également de nombreux élus municipaux ou nationaux, ainsi que des représentants des syndicats FNSEA et Coordination rurale.
360 loups
Le loup, qui a refait naturellement son apparition en France au début des années 90, représente aujourd'hui une population d'environ 360 têtes, selon l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).
Le carnivore, présent sur 90% du territoire français jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, avait disparu de France dans les années 1930. Il est désormais présent dans une trentaine de départements.
Les élus en rajoutent
"Non aux loups", "Les brebis chez nous. Le loup chez lui", "Le pastoralisme n'est pas compatible avec les grands prédateurs", affirmaient des banderoles accrochés aux balles de foin.
"Toutes les régions de France sont touchées maintenant. De Paris, les loups, c'est très beau. Nous, on n'est que des pauvres paysans", a déclaré Sandrine Hauser, de la FNSEA Hautes-Alpes.
"On a toujours dit que le loup est incompatible avec notre agriculture", a asséné sur la même estrade Sophie Pantel, présidente PS du conseil départemental de la Lozère, tentant de couvrir le bêlement des brebis.
"Je pense qu'on a besoin d'arbitrage au plus haut niveau de l'Etat", a renchéri Arnaud Vialat, député LR de l'Aveyron, peu après que le gouvernement a autorisé l'abattage de 40 loups jusqu'à fin juin 2018, un nombre égal à la période précédente.
"Une colère et une détresse nous étreignent", a témoigné Patrice Marie, 62 ans dont 39 en tant que berger. "J'ai la rage contre ces imbéciles qui veulent mettre à bas la paysannerie française", a-t-il ajouté, des trémolos dans la voix.
Selon les pro-loups, pas de conséquences économiques à ces prédations
"Non, il n'y pas de conséquences importantes sur le plan économique", répond Patrick Boffy, coordinateur pastoralisme à l'association pro-loup Ferus.
"Le nombre d'animaux prédatés par les loups est ridicule. En Aveyron par exemple, on est à 120 animaux prédatés depuis le début de l'année, alors qu'on a 800.000 brebis dans ce département, le premier en France en ce qui concerne l'élevage ovin", ajoute M. Boffy. "On est plus dans le psychologique", dit-il.
"J'ai perdu deux brebis en 2015 en raison du loup", a expliqué Patricia Granat, bergère sur le causse Méjean, en Aveyron. "Mais ce n'est
pas ce chiffre qui est important: autour d'une brebis attaquée, il y en a cent qui sont stressées et donc qui avortent et ne font plus de lait", dit l'éleveuse.