A Villelongue dels Monts dans les Pyrénées-Orientales, les frères Llurba partent à la retraite en sachant que leur ferme ne disparaîtra pas. L'association Terre de Liens les a aidés à trouver un repreneur pour leur exploitation.
C’est une ferme banale à première vue. Pourtant, l’exploitation des frères Llurba, à Villelongue dels Monts dans les Pyrénées-Orientales, a quelque chose d’exceptionnel.
"On est les derniers à faire de l’élevage traditionnel, raconte André Llurba. Les derniers à garder comme le faisaient les anciens, à aller pâturer chez les uns et les autres, à partir en estive l’été."
Aujourd’hui, l’heure est venue pour les frères Llurba de prendre leur retraite. Un moment souvent difficile pour les éleveurs : car avec la crise agricole, la pression foncière, les réticences des banques, trouver un repreneur peut s'avérer difficile. Résultat: les fermes disparaissent.
Passer le relai
Heureusement, ce ne sera pas le cas de cette ferme au pied de l’Albera, grâce à l’association Terre de Liens, qui intervient pour assurer la transmission et le maintien des exploitations. Son objectif : acheter des terres et les consacrer sur le long terme à l’agriculture.Simon Moliner, membre de l'association fondée en 1998, explique :
On a hérité d’un patrimoine, d’un capital de terres agricoles qui permettaient de produire, de créer de l’emploi, et aujourd’hui on est en train d’entamer ce capital, parce que les terres disparaissent et qu’on n’installe plus de paysans.
Patrimoine
Pour lutter contre cela, grâce à une épargne collective Terre de Liens a donc racheté la ferme des Llurba, et l’a confiée à un repreneur, Didier Berdaguer, jeune berger trentenaire."Les banques étaient d’accord pour me financer, précise celui-ci. Mais je voulais que cette ferme, ce projet, me dépasse. De cette façon, cette ferme continuera quand je partirai à la retraite. On a un patrimoine assis dans la durée."
La transmission de la ferme des Llurba est donc une belle histoire, à l’heure où l’élevage est le parent pauvre d’un milieu agricole à la peine. En l’espace de dix ans, 40% des exploitations catalanes ont disparu.
Le reportage de Sébastien Girard et Frédéric Savineau :