L'APHP à nouveau en grève ce jeudi 11 juin

Face à "l'impasse totale" des discussions sur les 35h, c'est vers François Hollande que les syndicats de l'AP-HP se tournent, appelant jeudi les 75.000 agents (non médecins) à une nouvelle grève et une marche vers l'Elysée

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Alors que la direction espérait initialement boucler les négociations le 18 juin, ils organisent une troisième journée de grève avec un rassemblement devant le siège parisien de l'Assistance Publique-Hôpitaux Parisiens à 10h30, en marge d'un conseil de surveillance sur le budget 2015, avant de défiler vers le palais présidentiel.

L'intersyndicale (CGT, SUD, FO, CFDT, CFE-CGC, CFTC et Unsa) appelle François Hollande à "une inflexion de la politique du gouvernement sur l'hôpital" auquel sont demandés 3 milliards d'économies d'ici à 2017, résume Jean-Marc Devauchelle (représentant SUD). "Nous demanderons aussi qu'une nouvelle feuille de route soit donnée à Martin Hirsch", directeur général de l'AP-HP, en tout cas "nous ne souhaitons plus discuter avec lui" de la réorganisation du temps de travail, ajoute-t-il.
A plusieurs reprises, la ministre de la Santé Marisol Touraine a volé au secours de M. Hirsch, en vain: "Hirsch est dans les cordes, mettons le KO !", lance la CGT.

Quelle que soit la mobilisation, que les syndicats prédisent suivie, la continuité du service public sera assurée jeudi, garantit l'institution. 

Risque d'un conflit dur​

Après deux journées de grève en mai, M. Hirsch vient de mettre sur la table de "nouvelles bases de dialogue" avec la promesse de "ne pas descendre en dessous de 15 RTT". Mais il ne s'agit "que de propositions, et non de décisions définitives", assure la direction. Ce sont les "mêmes remises en cause avec un peu de pommade autour", rétorque la CGT.

Actuellement, plus de 60% des agents travaillent 7h36 (38 heures/semaine) ou 7h50 (39h10) par jour, et disposent de 18 à 20 jours de RTT par an, auxquels s'ajoutent des journées propres à l'AP-HP. Parmi les nouveaux schémas horaires "possibles" avancés par la direction, et nécessaires selon elle pour préserver 4.000 emplois, le travail en 7h30 sera "la référence de jour", celui en 12h "n'a pas vocation à être étendu" et le travail en 7 heures "est réservé aux contractuels de courte durée".

Le travail en équipe sera par ailleurs repensé, l'emploi précaire résorbé, la formation professionnelle développée, assure la direction. L'intersyndicale ne croit pas au raccourcissement des horaires quotidiens: pour elle, l'objectif est que les agents travaillent "30 minutes supplémentaires par jour, perdent 5 jours de repos au minimum/an et cela, pour la même rémunération". 

Dans cette deuxième mouture, M. Hirsch "aggrave" même son projet "en augmentant l'objectif financier" de "20 à 30 millions d'euros d'économies" par an. La direction est aussi attaquée sur sa méthode. Elle va conduire des simulations avec "les équipes de terrain", pour "vérifier que les changements envisagés permettent d'assurer une meilleure prise en charge des malades". Mais les syndicats ne goûtent guère ce qu'ils pensent être des mises en oeuvre anticipées d'une nouvelle organisation du travail alors que la négociation n'a pas réellement débuté.

Un nouvelle journée d'action prévue le 25 juin


Sur le terrain, les tensions sont palpables, comme à Beaujon, dans les Hauts-de-Seine, où des matelas ont été entreposés plusieurs jours dans le hall pour faire baisser l'activité. L'affaire s'est conclue devant le tribunal. Ailleurs, assemblées générales, interpellations des élus ou opérations "self gratuit" ponctuent le quotidien d'une partie des 38 établissements de l'institution. Il va falloir dialoguer, sinon on risque un conflit dur", prévient une cadre de la CGT selon laquelle "d'autres rancoeurs peuvent se greffer et créer un très gros mouvement dans la santé".

Trois fédérations syndicales du secteur de la santé et de l'action sociale, CGT, FO et SUD, appellent d'ailleurs à une journée d'action le 25 juin pour "l'abandon de toutes les mesures d'économies qui asphyxient les établissements et les services". Des médecins hospitaliers ont également lancé un "appel pour sortir l'hôpital public de la crise", arguant que les médicaments génériques ou les transports sanitaires représentaient des gisements d'économies à ne pas négliger.
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