Depuis des mois déja, le carrefour du Fournil à Viry-Châtillon et son feu rouge, font l'objet d'une guerre de territoire entre des petits voyous qui s'y sont installés pour agresser les automobilistes et la mairie qui tente, vainement pour l'instant, d'en reprendre le contrôle.
Samedi soir, 1er octobre, comme la semaine précédente, un camion volé a été incendié au pied du poteau sur lequel est fixée la caméra de vidéo-surveillance qui observe le carrefour du Fournil, à Viry-Châtillon, à la limite de Grigny-la-Grande-Borne.
Cette fois, néanmoins, la caméra a tenu bon ! C'est une petite victoire pour la mairie de Viry-Châtillon, dans la guerre qui l'oppose maintenant depuis de nombreux mois à la bande de petits voyous qui se sont approprié le carrefour du Fournil et l'ont transformé en "coupe-gorge" où ils attendent en embuscade les automobilistes pour les agresser et les dépouiller.
Reprendre le contrôle du carrefour
Le carrefour est territoire de délinquance depuis plusieurs années déja. Mais depuis plus d'un an, le maire (UDI) de Viry-Châtillon, Jean-Marie Vilain, est bien décidé à reprendre le contrôle du carrefour. Car au fil des années, le phénomène s'est amplifié. Fin 2014, les vols se sont multipliés. "Une vingtaine d'agressions pour une quarantaine de victimes en six mois", précise Jean-Marie Vilain. Mais l'objectif de reconquête du territoire n'est pas simple à atteindre !A chaque attaque le même stratagème. Bloqués à ce feu rouge de la départementale 445, des automobilistes, presque toujours des femmes, reçoivent une pluie de pierres lancées par des agresseurs cagoulés, souvent mineurs. "On a déjà interpellé un gamin de 12 ans" raconte un policier.
Le butin se trouve sur le siège passager : sacs à main, portables, ordinateurs, manteaux... Puis les agresseurs disparaissent à pied à la faveur des allées tortueuses de cette Zone de sécurité prioritaire (ZSP) au bord de l'autoroute A6, où près de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté. "Tout se passe en cinq secondes. C'est hyper violent", raconte une victime, encore très traumatisée, deux ans après son agression.
En avril 2015, la municipalité débloque alors 12.000 euros et installe une caméra de vidéosurveillance. Depuis, pendant quelques temps, il n'y a plus eu une seule attaque sur ce carrefour, selon la mairie. Sauf qu'elles ont repris au feu rouge précédent et sur un axe voisin. Les dernières remontent à mi-septembre.
Et puis, samedi 24 septembre, c'est la caméra du carrefour qui a été ciblée, détruite à l'aide d'une fourgonnette volée, utilisée comme voiture bélier puis incendiée au cocktail molotov. La scène, violente, s'est déroulée à l'heure du déjeuner, sous les yeux de nombreux passants. La caméra, fixée à une dizaine de mètres de hauteur sur un lampadaire, était une cible depuis plusieurs mois. Au printemps, un camion poubelles volé avait raté l'objectif et fini sa course dans un arbre. Une tentative de découper le candélabre à la tronçonneuse thermique avait également échoué.
Pas question de baisser les bras
Vendredi 30 septembre, la mairie avait remplacé la caméra. Et au lendemain de cette nouvelle tentative, dès dimanche 2 octobre, des plots en béton ont été posés pour protéger les abords de la caméra."Ils veulent montrer qu'ils sont chez eux, que c'est leur quartier, leur carrefour", explique M. Vilain. C'est une guerre de territoire. La vidéo dérange les trafics. Mais "il n'est pas question que les délinquants imaginent que l'on va baisser les bras" ajoute le maire qui voit plus loin: "il ne faut pas s'arrêter à ce carrefour. Il faut sécuriser toute la D445". La préfète de l'Essonne, Josiane Chevalier, en visite il y a quelques jours dans la commune, l'a assuré que l'Etat apportera son concours.