L214 relance le débat sur la consommation de viande avec des vidéos révélant « le calvaire des cochons » dans un abattoir des Yvelines. Mais qu’en pensent les militants antispécistes ?
Des porcs entassés, des chocs électriques, des coups… « Le calvaire des cochons à l’abattoir d’Houdan », la dernière enquête choc de L214, révèle des cas de mauvais traitement dans un établissement des Yvelines.
Tournées fin 2016, les vidéos publiées par l’association montrent des porcs contraints d'avancer dans un couloir étroit, frappés par un employé de l’abattoir, armé d'un battoir et d'un pistolet électrique.
Même s’il est peu surpris, jugeant qu’Houdan relève d'une « révélation de plus », le chercheur et militant antispéciste Melvin Josse apprécie l’action de L214, qui touche « au-delà du mouvement vegan, au-delà de ceux qui sont déjà convaincus » :
« Leur force, c’est leur communication non agressive. L214 ne cherche ni à faire culpabiliser les employés des abattoirs, ni les consommateurs. Ils ramènent ça au système, au niveau plus global de l’exploitation animale. »
"Leur force, c’est leur communication non agressive"
Co-fondateur du Parti animaliste, un petit groupe qui cherche à rendre visible la question de l’exploitation animale, Melvin Josse note l’effet des vidéos chocs sur l’opinion, mais aussi sur les décideurs. En somme, fini de rire : « Avant on avait des hommes politiques hilares, désormais les débats deviennent enfin sérieux. »
Auteur de Militantisme, politique et droits des animaux (un ouvrage qui compare le militantisme antispéciste en Europe), il aimerait pousser la politisation de l’antispécisme : « EELV a créé une « commission animaux », suivi par l’UDI et le Parti de Gauche. La cause animale doit devenir plus qu’un argument électoral secondaire. »
A l’approche d’une année d’élections, Melvin Josse se félicite du manifeste « Animal Politique » : un texte qui regroupe 30 propositions pour les candidats à la présidentielle et aux législatives (comme interdire l’élevage en cage), signé par une vingtaine d’associations animalistes.
"Les caméras dans les abattoirs ne changeront rien"
Josse partage une méfiance envers « les lobbies de l’élevage et de la chasse » avec Vegan Corporation : une association plus « abolitionniste », c’est-à-dire opposée à l'exploitation animale sous toutes ses formes, et donc favorable à l’interdiction pure et simple de l’abattage.
Alors que l’établissement d’Houdan est l’un des premiers abattoirs à avoir installé des caméras de contrôle vidéo selon L214, Juanito Durosset, président de Vegan Corporation, qualifie la vidéosurveillance de « plus belle hypocrisie de tous les temps » : « Les caméras dans les abattoirs ne changeront rien. Les animaux non-humains continueront d'être assassinés. »
Vincent Harang, directeur de l’abattoir d’Houdan, se dit d'ailleurs « choqué » du comportement de son employé et des images qu’il prétend découvrir – malgré la vidéosurveillance.
Après la publication de sa dernière enquête, L214 a porté plainte contre l’établissement, pour « maltraitance ». Depuis 2013, l’association a publié plus d'une dizaine de vidéos montrant des dysfonctionnements dans des abattoirs français.