A 42 ans, Christelle Morançais a fait un parcours fulgurant en politique. En trois ans et trois campagnes, elle a gravi les échelons au point de ravir la région à des figures de la politique, installées de longue date. C'est la première femme présidente de la région des Pays de la Loire.
L'accession à la région de Bruno Retailleau, c'est aussi celle de Christelle Morançais. Elue dans son sillage en décembre 2015, elle devient vice- présidente, l'une des plus en vue, en charge de l'apprentissage et de la formation professionnelle.
C'est au Mans qu'elle a fait sa première campagne aux municipales de 2014. Elle reprend la tête de liste de l'UMP quelques jours avant le premier tour et met Jean Claude Boulard, le maire sortant, en difficulté. Une campagne éclair, dans laquelle elle se fait un nom.
Née au Mans, Christelle Morançais y fait des études d'économie avant de s'installer à Paris et de rencontrer son mari dans un meeting politique. Mais elle pense d'abord famille et travail : mère de deux enfants, elle fonde un réseau immobilier sur internet et prend sa carte à l'UMP en 2002. La militante va ensuite se retrouver sur le devant de la scène politique,sans en avoir gravi les échelons.
"La volonté, la disponibilité et l'écoute"
"Avant, il fallait avoir fait ses preuves dans tous les domaines", explique Jean-Claude Boulard, le maire PS du Mans, "on commençait par être conseiller général, conseiller régional, maire, député. Ça a été mon cursus. J'admets aujourd'hui qu'on puisse faire irruption dans le champ politique sans avoir franchi toutes les étapes. Le président de la République en est un exemple."
"Ce que je crois qui la caractérise le mieux c'est la volonté, la disponibilité et l'écoute", explique Dominique Le Méner, président LR du conseil départemental de la Sarthe "La volonté, parce que ce n'était pas évident de s'engager dans des combats politiques" à notre époque "quand on vient de la société civile, c'est quelque chose d'un peu compliqué".
Volontaire, elle va l'être dans la course à la présidence de région. En concurrence avec Paul Jeanneteau et François Pinte, deux vieux routiers de la politique, elle va les balayer.
"Peut-être qu'effectivement Bruno Retailleau considérait que j'étais un meilleur numéro 2 qu'un bon numéro 1" estime François Pinte, résident LR du conseil régional par intérim
"Une femme de caractère avec une forte personnalité"
Cette présidence, elle a bataillé pour. Elle ne sera pas la marionnette d'un Bruno Retailleau tirant les ficelles en coulisses. C'est en tout cas l'image qu'en ont les élus, même dans l'opposition.
"Tout le monde dit que Christelle Morançais est une femme de caractère avec une forte personnalité et si elle réussit à être présidente c'est bien parce qu'elle a de la personnalité et qu'elle sait gérer des enjeux de pouvoir", estime Christophe Clergeau, président PS du groupe de l'opposition au conseil régional "donc je pense que si Bruno retailleau essaie de la contrôler, elle saura faire respecter son autorité, en tout cas c'est ce que j'espère".
"Je suis très fière de prendre ces nouvelles responsabilités au sein de la région, avec beaucoup d'humilité et de simplicité mais aussi beaucoup de détermination", se félicite Christelle Morançais, "ça a été une vraie réflexion pour ma part, notamment par rapport à mon engagement sur la ville du Mans mais je continuerai à agir pour Le Mans d'une manière différente".
Christelle Morançais ne sera donc pas candidate aux municipales en 2020. A 42 ans, Madame la présidente a décidé de se consacrer entièrement à la région.
Elle a été élue ce jeudi 19 octobre par 53 voix sur 92 votants.
Mes chers collègues, je voudrais vous remercier pour votre confiance.
— Christelle MORANÇAIS (@C_MORANCAIS) 19 octobre 2017
Cette confiance, elle me va droit au cœur. #DirectPDL pic.twitter.com/Z8Xw8ndbbQ