Près de trois ans après la fermeture en janvier 2014 de l'usine de pneumatiques d'Amiens-Nord, une bonne partie des 1143 anciens salariés de Goodyear peine à retrouver un emploi. Les chiffres renseignés par la CGT et ceux par la préfecture divergent. On fait le point.
Selon Mickaël Wamen, leader du mouvement de contestation à la tête de la CGT de l'entreprise, seule une centaine de personnes parmi les ex-Goodyear d'Amiens Nord, ont un CDI et autant un CDD. "Sinon, 92 ont créé leur entreprise -10 ont déjà fermé-, environ 160 sont à la retraite et 12 personnes sont décédées, parfois par suicide. Tout le reste, plus de 700 personnes, sont toujours au chômage ou en formation", explique-t-il.
Les chiffres de la préfecture de la Somme diffèrent. Selon elle, sur les 1072 salariés ayant souhaité bénéficier du "congé de reclassement", 401 ont un "emploi identifié", certains grâce aux différents mécanismes de subventions ou de prêts à taux réduits pour les entreprises embauchant l'un des ex-Goodyear.
Ainsi, selon la préfecture, 135 sont en CDI, 172 ont un CDD de plus de 6 mois et 94 ont créé leur entreprise. Même si sur ce dernier point, plus de 2/3 d'entre elles l'ont été sous le statut d'autoentrepreneur.
La préfecture ajoute que 142 personnes sont à la retraite, 26 en formation et 21 classés dans la rubrique "sortie pour convenance personnelle": malades ou décédées.
Poursuite du combat sur le terrain judiciaire
Le projet de reprise du site par les salariés eux-même à travers une Scop, un temps envisagé, semble enterré après le refus de Goodyear. C'est dorénavant sur le terrain judiciaire qu'ils veulent poursuivre le combat. En avril, les salariés licenciés ont ainsi assigné les multinationales Goodyear et Titan (un temps intéressé par la reprise) devant le tribunal d'Amiens, pour obtenir des dommages-intérêts en raison de leur refus de reprise de ce site par une coopérative du personnel.
En parallèle, une procédure est toujours en cours au niveau des prud'hommes. "On estime que les licenciements n'ont aucune justification économique valable alors que cette entreprise continue de faire des bénéfices colossaux", explique leur avocat Me Fiodor Rilov.
Deux audiences à venir
Enfin, les salariés sont dans l'attente d'une date d'audience auprès de la cour d'appel de Cincinnati aux Etats-Unis où Goodyear a été assigné par les anciens ouvriers, considérant que l'équipementier n'avait pas fourni tous les documents en sa possession au moment de la fermeture de l'usine d'Amiens-Nord.
Mercredi 19 octobre se tiendra le procès en appel des 8 ex-salariés de Goodyear Amiens condamnés à de la prison ferme pour séquestration de 2 cadres.