Le "crime passionnel" ne fait pas partie du code pénal. A l'approche de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre, un collectif de journalistes demande aux médias un traitement plus juste de ce "fait de société".
Le collectif Prenons La Une, qui se bat pour une juste représentation des femmes dans les médias, organise ce jeudi soir à Paris un colloque sur le traitement médiatique des violences faites aux femmes, en présence de la ministre des Droits des Femmes Laurence Rossignol.
Il a rédigé onze recommandations à l'attention des rédactions, telles que bannir les termes "crime passionnel" ou "drame conjugal", qui n'ont "aucune valeur juridique" et "minimisent l'acte de l'agresseur".
Employer les mots justes pour parler des violences
"On n'est pas dans le domaine du théâtre, on parle de réelle violence", souligne l'une des porte-parole du collectif, Audrey Lebel.
"Le boxeur cocu met sa femme KO" ou "Papy Marcel jugé pour crime passionnel". Exemples de titres à l'appui, elle regrette que les violences à l'égard des femmes puissent être rapportées de façon "anecdotique" ou "légère".
Parmi les recommandations soumises à la signature des médias, le collectif suggère de privilégier des termes tels que "meurtre conjugal" ou "meurtre par le partenaire intime".
Il conseille d'éviter de donner des précisions sur les vêtements, le physique ou les habitudes de vie de la victime, qui pourraient "induire qu'elle est responsable de son agression". Il juge préférable de "mettre en avant le contexte", étant donné que les homicides "s'inscrivent souvent dans une longue série de violences subies par la victime".
Autre recommandation, intégrer le numéro de téléphone national pour les femmes victimes de violences, le 3919.
"Nous devons réfléchir à notre responsabilité en tant que journalistes quant au traitement des violences faites aux femmes, qui sont un vrai problème de société", explique Audrey Lebel.
122 femmes décédées à la suite de violences conjugales en 2015
En moyenne ces dernières années, 220.000 femmes par an ont été victimes de violences conjugales. 122 femmes sont décédées, victimes de leurs conjoints, compagnons ou "ex" en 2015, selon le ministère de l'Intérieur. Laurence Rossignol doit annoncer la semaine prochaine un 5e plan interministériel de lutte contre les violences faites aux femmes (2017-2019), à l'occasion du 25 novembre, journée internationale de mobilisation contre ces violences.