Le chercheur au CNRS Erwann Loret et la start-up française Biosantech ont présenté des résultats préliminaires montrant chez certains patients séropositifs une baisse des cellules infectées par le VIH à un niveau indétectable après l'injection d'un vaccin curatif expérimental.
"Le résultat principal de cet essai (...), c'est que nous avons un effet avec ce vaccin sur les cellules infectées par le VIH. On fait gagner 70 ans de trithérapie aux patients", a expliqué devant la presse à Marseille le docteur Erwann Loret, chercheur au CNRS à l'Université d'Aix-Marseille.
Dans un essai clinique, mené à l'hôpital de la Conception à Marseille sous la direction du Dr Isabelle Ravaux, sur 48 patients répartis en 4 groupes (un groupe sous placebo et 3 avec des doses vaccinales différentes), 9 patients ont un niveau de cellules infectées indétectables 12 mois plus tard. Ces résultats doivent être publiés dans les prochains jours par la revue Retrovirology, qui "a accepté l'étude", a indiqué le Dr Loret.
Des essais cliniques à Marseille
Après des tests encourageants sur des animaux, des essais cliniques ont été menés sur l'homme dès 2013 à l'hôpital de la Conception à Marseille. Initialement, l'étude cherchait à démontrer l'efficacité du vaccin sur le "rebond virémique", c'est-à-dire le retour de la charge virale dans le sang après arrêt de la trithérapie. Si les résultats ont été positifs sur ce plan-là, avec 4 patients sur 12 dont la charge est "quasi indétectable" un mois après l'arrêt pour la dose la plus efficace (33 microgrammes), ils ont été plus surprenants sur le plan des cellules infectées. L'arrêt de la trithérapie n'a toutefois pas excédé deux mois durant l'essai.
Expérience élargie au monde entier
Une étude "multicentrique" de plus grande ampleur pourrait bientôt être menée dans plusieurs centres hospitaliers dans le monde, Francfort, Barcelone ou encore aux Etats-Unis, associant vaccin et trithérapies. Selon le Docteur Loret, une éventuelle guérison, sur laquelle il reste prudent, ne s'obtiendrait qu'en associant le vaccin aux trithérapies, jusqu'à obtenir non seulement une charge virale et un nombre de cellules infectées indétectables, mais aussi une chute de la réponse immunitaire, qui signerait une "rétro séroconversion", un retour à une séronégativité.