Depuis Bellegarde-sur-Valserine, une petite ville de l'Ain, des gens "ordinaires" se sont mobilisés pour sauver une famille des de Daech. Voilà six mois qu'ils se sont unis pour pouvoir sauver cette famille chrétienne d'Irak. Samedi 5 septembre au soir, les Mikho sont enfin arrivés dans l'Ain.
Lors d'une réunion de prière, la communauté chrétienne de Bellegarde (catholiques, protestants évangéliques mennonites et adventistes) en janvier dernier, a réfléchi à ce qu'elle pouvait faire concrètement pour les chrétiens d'Irak.
Une femme, Marie-Noëlle a proposé un 95m2 non louable en l'état, mais qu'elle pouvait mettre à disposition. "Le Premier ministre avait bien dit que si l'on assurait les conditions d'accueil d'une famille, il s'engagerait à leur délivrer le statut de réfugié politique", raconte Daniel Goldschmidt, représentant du collectif d'accueil.
"On contacte alors l'association d'entraide aux minorités d'Orient (AEMO) et le consulat français d'Erbil. Ils nous répondent qu'ils ont justement une famille de sept personnes difficile à caser", poursuit-il.
Depuis plus d'un an, les Mikho erraient entre Erbil et la Turquie. Ils ont dormi dans des jardins, des églises. A la fin, ils avaient déniché un toit: une pièce pour sept.
Une chaîne de solidarité s'organise alors autour de Marie-Noëlle et de son mari Sylvain pour remettre en état l'appartement. Des artisans consentent à de petits devis pour le sol, les peintures, l'électricité.
Pour les meubles, une collègue donne une gazinière, le maire d'une commune voisine (Champfromier) des lits, l'adjoint au maire un canapé et une fromagerie propose une table et des chaises. Ils trouvent à droite à gauche des draps, de la vaisselle et même trois cartables pour les garçons, de 9 à 13 ans, qui iront à l'école dès lundi 7 septembre.
Face à tant de mobilisation, la famille Irakienne était très émue.
La grand-mère fait partie du voyage, elle est heureuse mais aussi déchirée car il y a des soucis, une grosse inquiétude même: "J'ai laissé derrière moi ma fille aînée, son mari et ses trois enfants", elle espère qu'ils pourront les rejoindre. "Dites-le: il faut d'autres familles d'accueil pour des familles irakiennes". Fabian, 9 ans, montre alors la photo d'identité qu'il porte accrochée autour du cou. "C'est son copain, Milat,
tué par Daech", explique sa mère Huda.
Avant de se jeter sur le buffet dans une salle paroissiale, la famille Mikho dit le bénédicité en araméen. "Ici personne n'empêche les gens d'aller à l'église mais peu de gens y vont", ironise le père Roger, curé de Bellegarde.
Une petite procession s'organise ensuite pour conduire - enfin! - la famille Mikho dans ses nouveaux quartiers. Le bruit des valises anime sous les réverbères les rues désertes de la ville. Ils ouvrent la porte. Cinq pièces en enfilade, vue sur l'église qui par un incroyable hasard fait face à l'immeuble. Les enfants, eux, se précipitent sur la télé et parlent déjà de leurs futures parties de jeux vidéo.