Plusieurs habitants du quartier Europe à Saint-Quentin, dans l'Aisne, sont privés de chauffage depuis des semaines, si l'on excepte quelques jours à Noël. Un problème technique serait en cause, aggravé par les températures négatives de ces derniers jours. Exaspérés, les locataires ne savent plus vers qui se tourner.
En Picardie, les températures hivernales ont chuté sous la barre de zéro degré, notamment ces vendredi 3 et samedi 4 janvier 2025. Un froid glacial difficile à supporter pour les habitants du quartier Europe à Saint-Quentin.
Les résidents d'un lotissement sont en effet privés de chauffage, malgré de nombreuses relances, appels et déplacements auprès de leur bailleur.
Quatre jours de chauffage en décembre
Il est difficile de dire combien de locataires sont concernés, mais l'exaspération se fait sentir jusqu'aux couloirs et escaliers des immeubles. C'est le cas pour Jérémy Forest : "on a eu un petit peu de chauffage pour Noël, pendant quatre jours, et après, plus rien. Là, ça fait depuis fin octobre qu'ils sont censés faire les réouvertures des chauffages dans les logements".
La seule solution, pour l'instant ? Acheter des chauffages d'appoint. "Mais à côté, les factures d'électricité vont augmenter". Plusieurs personnes ont tenté d'interpeller également le bailleur : "ils disent qu'ils n'arrêtent pas de solliciter Engie, et quand on les appelle, ils disent qu'ils n'ont jamais été sollicités par Partenord".
Au final, c’est une panne ou ce sont eux qui coupent les chaudières pour essayer de grapiller sur les factures qu’ils vont devoir payer ?
Jérémy Forest, locataire
Même les numéros de téléphone "qu'ils nous donnent, ce n'est pas les numéros d'agence, mais celui de la maison mère à Lille. Ils ont les remontées de ce qui se passe, mais apparemment, ça n'a pas l'air de les préoccuper", poursuit Jérémy Forest avant d'ajouter : "c'est bien beau, on va voir les organismes, mais il n'y a personne qui bouge derrière non plus. Au bout d'un moment, on fait quoi ?"
À tout cela s'ajoute la moisissure dans les logements, provoquée par l'humidité. "On n'a pas de chauffage, donc vous avez beau nettoyer, la moisissure ne fait que revenir, et pourtant, j'ai utilisé des produits industriels pour nettoyer !". Le locataire, en rentrant, sent que sa gorge "se gonfle, comme si j'avais quelque chose qui l'obstruait". S'il a la chance de pouvoir bientôt déménager, ce n'est pas le cas des autres, qui doivent encore attendre le retour du chauffage.
Une grève de la faim pour protester
L'un des locataires, Philippe Moreau, avait même entrepris une grève de la faim de trois jours pour protester, jusqu'à ce que l'adjoint au maire en charge des solidarités vienne s’enquérir de la situation, ce samedi 4 janvier. Des radiateurs électriques pris en charge lui ont été promis. En retour, il a accepté de recommencer à manger.
Ce retraité, suivi pour un cancer, tente aussi de faire face aux basses températures. Mais, avec en moyenne 14 degrés à la mi-journée et 11 seulement la nuit, son quotidien relève davantage de la survie.
Ce geste a été le seul mode d'action qui lui restait pour se faire entendre par le bailleur social. "J'ai dit à ma famille, je fais la grève de la faim, tant que je n'aurai pas de chauffage, et j'irai jusqu'au bout", explique-t-il, assis sur son canapé, plusieurs couvertures sur le corps pour se réchauffer.
C'était une "décision grave", mais nécessaire à ses yeux. "On survit, on vit sous la couette, on n'ouvre pas. Le soir, à 20h30, on est couché, on a froid toute la nuit", déplore-t-il. Philippe Moreau explique d'ailleurs avoir sollicité son bailleur Partenord, sans résultat. Contacté, le représentant du bailleur n'a pas souhaité s'exprimer.
Avec Rémi Vivenot / FTV