Elle projetait un attentat-suicide contre la synagogue de Lyon en 2014. Arrêtée à temps, elle est prise en charge dans un centre de "déradicalisation" pour y être désindoctrinée. Finalement, elle replonge dans l'islamisme, profitant du relâchement autour d'elle. Elle a finalement été incarcérée.
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C'est l'histoire de "Léa", une jeune fille de 17 ans qui, comme beaucoup d'autres, est approchée sur les réseaux sociaux par les jihadistes. Ils l'appellent leur "perle adorée". Progressivement, elle partage leur cause. Elle se radicalise au point d'envisager un moment de s'attaquer à une synagogue de Lyon pendant l'été 2014.
Le projet d'attentat est déjoué à temps. Elle est placée sous contrôle judiciaire et soumise à un programme de déradicalisation dans un centre de prévention des dérives sectaires liées à l'Islam (CPDSI). Mais depuis janvier 2016, elle est en prison aprés avoir replongé dans un islamisme militant.
"Ce qu'elle vit elle, c'est ce qu'ils vivent tous", martèle Dounia Bouzar, la directrice de l'association missionnée jusqu'à il y a peu par le ministère de l'Intérieur. Depuis, en raison du projet de loi sur la déchéance de nationalité, elle a rompu le marché conclu avec l'Etat pour le désendoctrinement des jeunes radicalisés.
"C'est un cas d'école : ce qui la fait retomber, c'est l'addiction avec le groupe. - Dania Bouzar -
"Comme les trois quarts des adolescents, la jeune fille connaît ce manque à la tribu numérique, comment ils la valorisent, comment ils l'appellent "ma perle adorée". Régulièrement elle se rebranche, ça n'était pas la première fois avec elle... "L'anthropologue applique alors sa méthode sur la jeune femme, qui correspondait parfaitement au modèle de l'adolescente radicalisée, alternant les phases de "stabilisation" et les rechutes.
"Quand vous suivez quelqu'un, une semaine il vous traite de mécréant, il va vous défigurer, la semaine d'après il participe à des séances de désembrigadement. Il faut traiter l'ambivalence du jeune pendant la période de stabilisation", analyse Dounia Bouzar.
Le 24 juillet 2015, Dounia Bouzar écrit un rapport à la juge, et demande que la jeune fille soit prise en charge dans un centre éducatif fermé, "pour qu'elle ait un rappel à la loi, et qu'elle n'ait plus du tout moyen d'avoir internet". La suite, Dounia Bouzar ne l'explique pas, ne la comprend pas : "La juge antiterroriste a refusé de l'enfermer. A partir de là, Léa a fait croire à l'assistante sociale que son père était trop sévère avec elle. Elle a obtenu un placement de quelques semaines pour pouvoir s'éloigner de ses parents et du CPDSI. Les travailleurs sociaux l'ont laissée sans vigilance... avec son portable".
"Tous les jeunes se rebranchent avec les rabatteurs" - Dounia Bouzar -
En janvier, Dounia Bouzar est prévenue par la mère et son avocat que Léa est emprisonnée. Elle aurait repris contact avec des rabatteurs. Classique : "C'est une erreur de dire qu'elle a cherché à partir.Tous les jeunes se rebranchent avec les rabatteurs, ça ne veut pas dire qu'ils vont repartir". Vient une autre crainte, celle qu'elle se "rigidifie en prison..."
Si certains détracteurs interprètent cette incarcération comme un échec du programme de déradicalisation, Dounia Bouzar, elle, dit n'avoir jamais été sûre de Léa: "Je n'ai jamais considéré qu'elle était désembrigadée. On n'a qu'un an de recul ! Tous les jeunes sont sous surveillance et susceptibles de retomber (...) Tous ces jeunes qui ne bougent pas, ceux où il n'y a plus d'indicateurs... y'en a pas UN où je pourrais être sûre ! C'est pire que le cancer".
Léa, qui n'avait donc jamais été incarcérée jusqu'à maintenant est en prison depuis janvier, soupçonnée d'être entrée à nouveau rentrée en contact avec une filière de recrutement du groupe Etat islamique.