L’expert de l’Icomos (organe chargé de l’examen « scientifique » des dossiers) est passé en septembre en Bourgogne pour découvrir, sur site, les climats du vignoble de Bourgogne et pourquoi il est important de les inscrire sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité.
Le dossier d’inscription des climats du vignoble de Bourgogne au patrimoine mondial de l’Unesco entame sa dernière ligne droite. Vendredi 15 mai sera en effet connu l’avis de l’expert de l'Icomos passé cet automne en Bourgogne. Son avis est purement consultatif mais on se doute que s’il est très favorable ou très négatif, cela donne une idée des chances du dossier. La décision définitive sera prise en juillet par le Comité du patrimoine mondial de l'Unesco qui regroupe 21 pays membres de l’ONU.L'avis de l'expert peut prendre 4 formes
Les scénarios envisageables sont :- une demande d’inscription c’est le scenario le plus favorable.
- une demande de renvoi : le projet doit être revu ou complété sur certains points et représenté dans les 3 ans. C’st un scénario qui reste positif car il signifie que le projet a une vraie valeur.
- une demande de différé : le projet doit être revu en grande partie et représenté quand il sera prêt, sans délai précis. C’est assez négatif. Cela signifie qu’il y a un problème sur le fond même du dossier qui ne correspond pas aux critères de l’Unesco (voir plus loin «Quels sont les critères à remplir ?»). Cela suppose pour les porteurs du projet de tout reprendre presque à zéro. Après déjà souvent plusieurs années de travail (une 12aine pour les Bourguignons), c’est très difficile à assumer et cela demande une nouvelle motivation pas forcément très facile à trouver.
- une demande de refus.
La décision définitive sera prise début juillet par le Comité du patrimoine mondial.
C’est une commission qui réunit des représentants de 21 pays et qui tiendra sa 39ème session consacrée à Bonn en Allemagne (pays qui tient le présidence cette année), entre le 28 juin et le 8 juillet. Elle y examinera 38 dossiers de tous les pays du monde. Là encore, les 4 scénarios (inscription, renvoi, différé, refus) sont possibles. Ce qui signifie que les membres du comité peuvent inscrire un bien ou un site sur lequel l’expert a émis un avis de renvoi ou qu’inversement ils peuvent décider de renvoyer un dossier que l’expert souhaitait voir inscrit.Quels sont les critères de ce comité pour inscrire ou non un bien ou un site ?
Il faut répondre à deux conditions : prouver la VEU (valeur exceptionnelle universelle) du bien ou du site et répondre à au moins un des 10 critères définis par l’Unesco.- En ce qui concerne la Valeur universelle et exceptionnelle des climats du vignoble : les climats sont des parcelles de vignes, une « mosaïque » de parcelles sur lesquelles sont faits des vins différents. Différents car le sol, le sous-sol, la pente, l’ensoleillement, l’influence du vent… y sont différents et que l’homme a identifié cela depuis longtemps. Ce modèle de vins de terroir n’existe, à ce point, qu’en Bourgogne. D’autre part, la notion de terroirs intéresse et concerne le monde entier, de plus en plus (exemple des thés de Chine ou de certains cafés ou cacaos...). Autant d’éléments qui, estiment les porteurs du projet, montrent que les climats ont bien une valeur Universelle Exceptionnelle du point de vue historique, esthétique, ethnologique ou anthropologique
Ensuite, selon les porteurs du projet, les climats répondent à 2 critères :
- Le n° 3 : « un témoignage exceptionnel sur une tradition culturelle vivante ». Tradition culturelle : les multiples parcelles, les fameux climats, sont l’héritage de pratiques anciennes, transmises de génération en génération. Tradition vivante : les climats et le vignoble bourguignon en général évoluent encore aujourd'hui pour s'adapter aux contraintes actuelles
- Le n°5 : « un exemple de l’interaction humaine avec l’environnement ». Interaction humaine : les climats ont été créés par l’homme. Interaction avec l’environnement : les hommes les ont créées en fonction de ce que l’environnement, la nature leur offrait (sol, sous-sol, pente, eau, vent…). Les climats ne sont donc pas un site naturel comme le serait un beau paysage (le golfe de Porto en Corse ou le mont Etna en Sicile) mais issu d’une construction de l'homme dans un environnement particulier.