Ce mercredi 9 mars, vers 15 heures, la cour d'assises de l'Isère découvre la personnalité de Georges Pouille, le meurtrier de la petite Saïda en 1996, à travers l'audition de sa mère. Cette dernière a levé le voile sur un secret de famille.
Petite femme, au léger accent portugais, la mère de Georges Pouille murmure à la barre et renifle parfois à cause des larmes qu'elle réfrène. Le ministère public comme la défense le répètent pourtant: "elle n'est pas coupable des agissements de son fils". Mais son témoignage est crucial pour comprendre la personnalité du meurtrier.
Pas une fois, elle ne se tourne vers la famille de Saïda Berch, car elle, elle se sent coupable. "Georges est un enfant qui est né d'un viol. J'ai gardé le secret jusqu'à maintenant, même lui ne le savait pas. Aujourd'hui, je m'en veux un peu parce que je lui ai fait payer les pots cassés", révèle-t-elle au début de son audition.
Celle qui avait raccroché au nez de l'enquêtrice sociale en 2013, lâche aujourd'hui une bombe, difficile à encaisser pour la famille Berch. Certains d'entre eux quittent la salle au moment de cette révélation, qui fait figure "d'excuses trouvées à son fils", selon l'avocate de la partie civile.
Selon la mère de Georges Pouille, son éducation est en partie responsable de la "descente aux enfers" de son fils. "J'étais beaucoup plus dure avec lui qu'avec ses deux frères. Je l'ai souvent mis à la porte mais il revenait toujours, car il n'avait nulle part où aller. J'avais établi un couvre-feu et, s'il rentrait après, il dormait dehors, dans sa voiture ou chez des amis. Je le punissais quand il me volait de l'argent pour acheter de la drogue en lui enlevant son matelas, par exemple."J'étais beaucoup plus dure avec lui qu'avec ses deux frères"
Violence et addictions
Selon sa mère, Georges Pouille consommait des stupéfiants dès l'âge de 13 ans, du cannabis comme de la cocaïne. C'était uniquement pour financer cette addiction qu'il travaillait, d'après elle. Cette dépendance a été la cause de nombreux conflits familiaux. En 1991, elle lui a même valu une hospitalisation contre son gré. "Profitez! Profitez! Parce que le jour où je serai plus zen, je vous tue!", avait-il déclaré à l'époque.Paradoxalement, la mère de l'accusé, qui le décrit comme parfois violent, "ne veut pas à croire que son fils a commis une telle horreur". Si, elle ne regarde jamais les proches de Saïda durant son audition, elle dit ressentir de l'empathie pour eux. "Qui n'en aurait pas concernant une catastrophe pareille?" A la fin de son audition, le fils n'a rien à dire à sa mère et quand le juge l'interpelle pour lui demander ce qu'il pense de ce qu'il vient d'entendre, sa réponse est lapidaire: "je m'en fous!"