Interpellé grâce à l'ADN, le meurtrier de Saïda devant les assises de l'Isère, à Grenoble

Confondu par son ADN 20 ans après les faits, un homme de 40 ans comparaît, à partir de ce mercredi 9 mars, devant les assises de l'Isère pour le meurtre d'une fillette en 1996, après un premier homicide pour lequel il n'a pas encore été jugé.

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Le 26 novembre 1996 au matin, le corps de Saïda Berch, 10 ans, était retrouvé dans un canal à Voreppe (Isère), deux jours après sa disparition. L'autopsie concluait à une mort par strangulation provoquée à l'aide du pull de la victime, sans détecter de sévices sexuels. L'audition de 500 personnes n'avait à l'époque pas permis d'identifier le jeune homme en VTT qui l'accompagnait peu avant sa disparition et l'instruction avait abouti à un non-lieu le 28 septembre 1999.

Sept ans plus tard, en avril 2006, le dossier était rouvert à la faveur d'un rapprochement avec une autre affaire, celle du meurtre de Sarah Syad, 6 ans, le 16 avril 1991, dans la même commune. La fillette avait disparu alors qu'elle jouait près de son domicile. Elle avait été retrouvée dans un bois, étranglée, avec du sperme sur sa chemise.

Plusieurs analyses génétiques se révélaient infructueuses. Jusqu'à une expertise confiée en 2013 à un laboratoire de Bordeaux, qui permettait d'identifier un profil ADN de sexe masculin, notamment sur les manches du sweat-shirt ayant servi à étrangler Saïda Berch.

Pour les deux fillettes, il s'agissait du même homme: Georges Pouille, fiché à la suite de deux infractions commises en 2005 et 2008, notamment pour conduite sous l'emprise de stupéfiants.

Vivant en concubinage, père d'un jeune enfant, il avait continué de vivre dans le même quartier, fréquentant les frères et soeurs des victimes, et confiant même son fils aux soins de la mère de Sarah Syad. Entendu par les gendarmes en 1996 dans le cadre de l'enquête sur le meurtre de Saïda Berch, il n'avait pas été inquiété faute d'éléments à charge.

Maladie de Steinert

Placé en garde à vue en juillet 2013, il reconnaissait en partie les faits, disant que "le diable était entré en lui". Avant de se rétracter au cours de l'instruction, durant laquelle il refusait de se prêter à de nouvelles analyses génétiques ou de participer à une reconstitution.

"C'est un garçon qui se recroqueville sur sa maladie, la peur de parler, et craint le regard médiatique qui est porté sur ce dossier", raconte Me Denis Dreyfus, un de ses avocats.

L'accusé, âgé de 15 et 21 ans au moment des faits, est atteint de la maladie de Steinert, qui provoque une dégénérescence musculaire parfois associée à un retard mental. Diminué physiquement, atteint d'un "handicap mental léger", voire de "psychose" selon les experts, il "n'est pas prêt à répondre aux questions", selon Me Emmanuel Decombard, son second avocat.

Le procès risque ainsi d'être extrêmement frustrant pour la famille de la victime, qui attend des explications. "C'est trop gros pour lui à assumer. Il préfère se mettre dans une posture de victime", critique Me Arnaud Lévy-Soussan, avocat d'un frère de la fillette. "C'est un dossier extrêmement difficile. On n'a pas beaucoup d'éclairages pour comprendre. Il faudra sans doute fouiller dans les tréfonds de sa personnalité à l'aide des experts", reconnaît Me Dreyfus, évoquant "une problématique d'adéquation à la réalité: comme si deux hommes galopaient côte à côte dans le même corps".



L'accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Il doit en outre être jugé ultérieurement (à huis clos) par un tribunal pour enfants pour l'assassinat et la tentative de viol de Sarah Syad. Ces deux affaires ont longtemps figuré dans la liste des neuf disparitions ou meurtres d'enfants non élucidés entre 1983 et 1996 en Isère. Le verdict est attendu vendredi.
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