Le bois est la première énergie renouvelable en France. Aujourd'hui, grâce à des systèmes plus performants et des circuits courts, le bois coûte jusqu'à trois fois moins cher. Le grand Est, l'une des régions les plus boisées de France a sa carte a sa carte à jouer. C'est notre dossier Grande région.
0°C à l'extérieur, 20°C à l'intérieur : c’est la magie du traditionnel feu de cheminée. Ce n'est pas l'unique source de chaleur de la maison du Wissembourgeois Lucien Habermacher, mais la bûche est précieuse pour ce particulier.
« C’est un mode de chauffage que toute la famille apprécie, y compris les enfants lorsqu’ils sont de passage, explique-t-il devant l’âtre. Ça permet aussi de faire des économies d’énergie, pendant l’intersaison : en l’utilisant, on retarde l’allumage du chauffage généralisé dans la maison. »
Favoriser les circuits courts
Sa cheminée est plutôt performante : aujourd’hui, les modèles peuvent atteindre jusqu'à 87% de rendement, notamment grâce à la qualité des bûches. Ce bois sec est garanti par son producteur, basé à seulement deux kilomètres de la cheminée de son client.Le séchage est naturel, car le bois est au repos pendant une année entière. Christophe Glad mesure scrupuleusement le taux d’humidité contenu dans le bois qu’il vend, mais aussi son origine. Ce gage de qualité est garanti par un cahier des charges, celui d’ « Alsace bois bûche ».
La marque, créée à Wissembourg il y a 10 ans, se décline maintenant partout en France. Il valorise la filière bois et son circuit court. Christophe Glad détaille : « le Bois bûche est une énergie renouvelable et locale, qui crée des emplois au niveau local. On est sûrs, aussi, de ne pas délocaliser ces emplois ».
Une surface forestière gigantesque dans le Grand Est
Dans le Grand Est, l'une des régions les plus boisées de France, la ressource sylvestre est immense. Un tiers du territoire est recouvert de forêts, près de 2 millions d’hectares, soit le double de la superficie d’un pays comme le Liban.L'enjeu de cette ressource verte est triple : économique, énergétique et environnemental. L'État l’a bien compris : il subventionne le bois-énergie. et veille à une gestion durable de la ressource. Cela commence par le partage de la matière première pour éviter une pression sur les prix.
En plein élagage à Eberswiller, dans l’Est de la Moselle, Julien Ruaro pointe les rôles que joue chaque partie de l’arbre abattu. « Le tronc partira pour la construction, les parties plus fines pour l’industrie, explique ce chargé de mission ADEME-Grand Est. Quant aux branchages (…), qui ne pourraient pas être valorisées dans ces secteurs, ils vont partir en plaquettes pour alimenter le bois-énergie ».
Des nouvelles technologies à l'essai
De futures plaquettes destinées à la chaufferie de Metz, la plus grande de Lorraine. L'énergie bois est en plein développement et mobilise industriels comme collectivités. La production de tablettes a doublé en seulement deux ans, de 2012 à 2014 (voir infographie).Celles des granulés, 110 000 tonnes en 2014, a connu la même évolution en autant de temps. Ce nouveau matériau de chauffage est associé à une technologie de pointe. Dans sa cave, à Voué dans l’Aube, David Bourqui a installé un chaudière entièrement autonome, sans pollution aux particules et avec un rendement de 107 %. « On a un crédit d’impôt de 30% sur le matériel, ce qui représentait environ 4 500 €. Ça nous fait un retour sur investissement d’à peu près cinq ans, ce qui extrêmement intéressant, » signale l’Aubois. Le rendement est équivalent au gaz ou au fioul, mais pour une facture divisée par 3 pour le consommateur.
Première des énergies renouvelables en France, le bois est encore largement sous exploité : À peine la moitié de l'accroissement biologique annuel des forets est aujourd'hui transformé.