Pour beaucoup, le Beaujolais nouveau n'est qu'un coup de génie marketing qui a propulsé le nom "beaujolais" en orbite autour de la terre. En fait, la tradition des vins nouveau est une vieille tradition.
La consommation des vins nouveaux est une coutume ancestrale : elle
date de l’origine de la consommation du vin. Dans l’Antiquité, la « serva potio », la « lora » ou « boisson des esclaves » était proposée aux vendangeurs, dès le raisin pressé.
Au Moyen-Age, le vin est mis sur le marché très tôt dans la saison, environ quinze
jours après la fin des vendanges. La commercialisation précoce permet de limiter les problèmes de conservation du vin, d’oxydation que l’on maîtrisait mal à cette époque.
Dans les siècles qui ont suivi, la récolte nouvelle était attendue chaque année avec la plus grande impatience. D’autant plus qu’en France, comme dans tous les pays producteurs de
vins, la période suivant les vendanges est faite d’allégresse et de fêtes marquant la fin
d’un dur labeur et concluant l’année viticole.
Parmi les fêtes accompagnant la fin des vendanges et les premières dégustations, la
Saint-Martin, le 11 novembre, est un temps fort, jusqu’à la fin de la première guerre
mondiale et la signature de l’armistice.
A Lyon, les débitants de boisson, les « bouchons », les « épiciers porte-pot » sont les
premiers à goûter les vins nouveaux. Dès les vendanges achevées, au début du
XXème siècle, ils viennent dans le vignoble chercher les vins et répondre, ainsi, à la
demande de leurs clients en « raflant » les meilleures cuvées.
A cette époque encore, le vin nouveau n’est pas considéré comme un marché spécifique. Il faudra attendre les années 50 pour que naisse le phénomène beaujolais nouveau et la seconde moitié du XXème pour qu’il s’amplifie, jusqu’à devenir inégalé dans l’univers mondial du vin.