120 chefs étoilés, parmi les plus prestigieux, ont rendu hier soir à Lyon un hommage appuyé à Paul Bocuse, leur "père spirituel". Un dîner de gala était organisé en son honneur par Paul Ducasse. Paul Bocuse, 87 ans est apparu très fatigué après une récente hospitalisation.
Quelque 120 des plus grands chefs étoilés, venus du monde entier, ont rendu lundi soir, dans les salons de l'hôtel de ville de Lyon, un hommage émouvant à une légende de la gastronomie, Paul Bocuse, 87 ans, considéré par tous comme leur "père spirituel".
"Bocuse, c'est comme un dieu pour notre profession, je le considère comme une légende vivante". Venu du Sri Lanka, Rohan Fernandopulle, chef du Hilton de Colombo, ne tarit pas d'éloge sur celui qu'il considère comme un maître. Pour cet hommage, organisé en marge du 30e salon international de la restauration et de l'hôtellerie, créé par Paul Bocuse, les chefs sont venus d'Italie, d'Estonie,du Japon, des Pays-Bas, du Canada ou du Danemark. Tous ont revêtu pour l'occasion la toque et la blouse blanche. A eux tous, ils totalisent pas moins de 206 étoiles.
Pour le chef lyonnais Pierre Orsi, qui fut en 1956 l'apprenti de "Monsieur Bocuse",comme tous l'appellent ici, et qui le considère "comme son deuxième père", son principal mérite est d'avoir su "rassembler" une profession et de lui avoir apporté "une reconnaissance internationale": "Si on parle tant de cuisine maintenant, on le lui doit".
Un avis que ne renie pas Pierre Etchevest, qui anime sur une chaîne privée, une des nombreuses émissions désormais consacrées à son art. "C'est notre père à tous, il nous a appris que la cuisine est belle, que le métier de cuisinier est beau". Pour tous, Bocuse reste celui qui "a fait sortir les cuisiniers de leur cuisine" où ils étaient cantonnés, celui qui le premier les a fait briller comme les étoiles qu'ils arborent aujourd'hui, en faisant reconnaître "leur savoir-faire, la qualité des produits, le goût", domaine dans lequel Bocuse reste une référence, selon Philippe Mille, chef des Crayères à Reims. "La justesse, faire bon d'abord, faire plaisir, partager, c'est tout cela que nous a enseigné Bocuse", renchérit François Adamski, Bocuse d'Or 2001, du Gabriel à Bordeaux.
Grand maître de la cérémonie, Alain Ducasse, chargé d'orchestrer le menu de gala qui devait réunir, dans la soirée, l'ensemble des chefs étoilés autour de Paul Bocuse, voit en lui le "leader", le précurseur. "Il a toujours eu un temps d'avance sur les autres", acquiesce Guy Martin du Grand Vefour à Paris.
Récemment hospitalisé et marchant avec peine, la vedette de la soirée a accueilli avec une joie non feinte cet hommage de ses pairs qui, à l'image de Pierre Troigros ou d'Anne-Sophie Pic, sont venus poser à ses côtés, devant une nuée de photographes et de caméras. Et c'est d'un "bonjour les chefs" que Paul Bocuse les a tous salués, avant qu'ils ne se regroupent tous autour de lui pour une photo dans la salle du Conseil municipal.