Il y a 24 heures, l'information est tombée tel un couperet : la cour administrative d'appel de Lyon a classé l'usine Aubert et Duval des Ancizes en "site amiante". Pour les salariés, cela signifie un départ anticipé à la retraite dès 50 ans. Pour la direction, c'est un coup de tonnerre.
Pendant près de 90 ans, tous les salariés de l'usine Aubert et Duval, aux Ancizes dans le Puy-de-Dôme, ont donc travaillé au contact de l'amiante. Ils ont été exposés à ce matériau toxique, à l'origine de plusieurs maladies mortelles.
18 salariés seraient décédés des suites de leur exposition sur le site des Ancizes. Plus de 200 personnes en souffriraient encore .
Le site a été classé, mardi, "site amiante" par la cour administrative d'appel de Lyon. Selon les chiffres avancés par les salariés, 300 d'entre eux, sur les 1 400 salariés du site pourraient ainsi prétendre à une retraite anticipée dès l'âge de 50 ans.
Une victoire pour le personnel. Pour la direction, qui a déposé un recours devant le Conseil d'Etat, mettre en oeuvre une telle décision reviendrait "à décapiter l'usine, les travailleurs de 50 ans étant les plus qualifiés".
Presque 10 ans se seront donc écoulés avant le jugement rendu par la cour administrative d'appel de Lyon. 10 ans de combat juridique. Marqué par l'action d'un homme, un salarié des Ancizes qui, en 2009, dépose un recours demandant l'inscription de l'aciérie sur la liste des établissements ouvrant droit à l'allocation de cessation anticipée d'activité des travailleurs de l'amiante. Dépourvu de toute étiquette syndicale, Roger Triphon monte au créneau. Son recours est rejeté par le tribunal administratif de Clermont-Ferrand en juin 2012. Le 7 mai 2013, la cour administrative d'appel de Lyon vient de lui donner raison.