Les Suisses ont clairement refusé ce dimanche 18 mai un salaire minimum unique de 3.300 euros, qui aurait été le plus élevé du monde, et ont rejeté, plus timidement, l'achat de 22 avions de combat suédois Gripen.
Par le score de 76,3% des voix, le peuple a balayé l'introduction d'un salaire minimum de 22 francs suisses de l'heure (18 euros), soit environ 4.000 francs suisses bruts (3.300 euros) pour 42 heures hebdomadaires (100%), selon les résultats officiels. Tous les 26 cantons de la confédération se sont opposés au projet. Ce salaire minimum aurait été le plus élevé au monde: il est de 9,43 euros en France, de 5,05 euros en Espagne et sera, en Allemagne, de 8,50 euros à partir de 2015.
Pour les syndicats et partis de gauche, le coût très élevé de la vie en Suisse justifiait ce salaire minimum de 4.000 francs suisses. Mais une grande partie de la population craignait qu'un tel salaire ne favorise une hausse du chômage, presque inexistant en Suisse (3,2% de la population active en avril). Opposés à ce projet, la droite, les milieux agricoles, le Parlement et le gouvernement avaient affirmé qu'un salaire minimum aussi élevé aurait été un danger pour l'emploi et avaient souligné qu'il existe déjà des salaires minimum dans certaines branches professionnelles.
Non aux avions de combat
Après un long suspens, les citoyens helvétiques ont finalement aussi rejeté l'achat de 22 nouveaux avions de combat suédois Gripen fabriqués par Saab. Contrairement à la question du salaire minimum, les Suisses se sont montrés divisés sur l'achat des Gripen. Alors que les cantons romands et le Tessin (canton italophone) ont refusé l'achat des 22 avions suédois, la majorité des cantons alémaniques -- traditionnellement plus conservateurs -- ont soutenu le projet du gouvernement. Mais cela n'aura pas suffi.
Le gouvernement suisse et le Parlement voulaient acheter les Gripen, estimant qu'une partie des avions de combat dont disposent les forces armées suisses sont "obsolètes".
Afin de financer cette acquisition, le Parlement a créé un fonds alimenté dans le cadre des dépenses ordinaires liées à l'armement pour répartir sur une période de 11 ans le coût de 2,56 milliards d'euros nécessaires à cet achat.
Opposés au projet, la gauche et les Verts avaient affirmé que la facture serait bien plus lourde et que la Suisse est entourée de pays amis. L'avion, dont la variante E commandée n'existe que sur le papier, n'est pas assez performant, avaient estimé ses détracteurs, soulignant qu'il sera toujours temps plus tard de reconsidérer une autre commande. Reste à savoir ce que le gouvernement va désormais faire. Car comme l'avait martelé à plusieurs reprises le ministre de la Défense, Ueli Maurer: "il n'y a pas de plan B".
Les Forces aériennes suisses disposent actuellement de 86 avions de combat - 32 F/A-18, qui seront engagés jusqu'en 2030 au moins, et 54 F-5 Tiger qui, selon le gouvernement, "n'ont pas de radar performant, ne peuvent pas utiliser tous les types d'engins guidés et peuvent seulement être engagés de jour et par bonne visibilité".