Le Cantal ne veut pas devenir un angle mort aux marges de Rhône-Alpes-Auvergne

Le rattachement de l'Auvergne à la région Rhône-Alpes annoncé par le gouvernement dans le cadre de sa réforme territoriale fait grincer des dents chez nombre d'élus du Cantal, qui redoutent que leur département ne devienne un angle mort aux marges de la deuxième région du pays.

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Cette fusion, "c'est le pire des scénarios possibles. Elle condamne le Cantal qui sera particulièrement éloigné des futurs centres de décision", s'insurge le président UMP du Conseil Général, Vincent Descoeur, qui craint que son département ne devienne un "no man's land".
           
Avec quelque 150 000 habitants, le Cantal, dont la préfecture Aurillac est à quatre heures de route de Lyon, ne pèsera que 2% de la population de Rhône-Alpes-Auvergne, font valoir les élus. Et les électeurs de ce territoire majoritairement rural ne pourront élire qu'un seul, voire deux conseillers régionaux, sur les 150 élus de la future assemblée. "On sera inaudible. Demain, les communes cantaliennes seront l'objet de moins d'attention et ce sera à terme mauvais pour notre économie et nos emplois", pronostique M. Descoeur, évoquant "un retour en arrière" après des décennies d'efforts pour rendre le département attractif.
 
Une "uniformisation" des politiques régionales pourrait aussi, selon lui, mettre à mal les politiques de proximité. "Est-ce que les petites entreprises de BTP joueront à armes égales avec les grands industriels de Villeurbanne lors des appels d'offres pour l'obtention de marchés publics, si les donneurs d'ordre sont situés à des centaines de kilomètres? Et qui défendra les collèges ruraux de 120 élèves en moyenne montagne?", demande l'élu, qualifiant François Hollande de "fossoyeur de la ruralité".
 
Séparé par la frontière naturelle des Monts du Cantal qui morcelle le département en plusieurs bassins de vie, le sud de ce territoire "se sent certainement plus proche géographiquement et culturellement du Sud-Ouest que de Rhône-Alpes", souligne le député PS Alain Calmette.
 
Le Petit Poucet pourrait faire "sécession"
 
A titre d'exemple, 50% des étudiants originaires d'Aurillac choisissent d'aller étudier à Toulouse plutôt qu'à Clermont-Ferrand. Autre point commun avec Midi-Pyrénées: la langue occitane, encore bien vivante dans le département. Dans ce contexte,  le "Petit Poucet" cantalien pourrait être tenté d'entrer en résistance pour éviter d'être croqué par l'ogre lyonnais. "Une sécession est tout à fait envisageable. Aujourd'hui, si l'on faisait un référendum citoyen dans le Cantal, le choix de la future région ne serait certainement pas Rhône-Alpes", assure le vice-président EELV de la région Auvergne, Lionel Roucan. Une mobilisation citoyenne, "à l'image de celle des bonnets rouges", est même plausible, prévient-il, même si pour l'heure le champ de bataille se limite aux réseaux sociaux. "Avec des parlementaires, on réfléchit à l'introduction d'un amendement sur le droit d'option des départements, qui pourraient se déterminer sur l'appartenance à une région ou à une autre", précise Alain Calmette. Au risque d'ouvrir la boîte de Pandore."On joue à se faire peur. Le Cantal aura toute sa place dans cette future grande région, s'il dispose d'un plus grand nombre d'élus", assène le président du Conseil Régional de l'Auvergne, René Souchon (PS), qui avait plaidé, sans succès, pour un rapprochement avec le Limousin et le Centre.
 
Satisfaits de se marier avec une région dynamique "pouvant porter les entreprises cantaliennes vers le haut", les chefs d'entreprises expriment eux aussi leurs conditions: "on est certes le Far-West mais on viendra avec deux exigences fortes: le désenclavement et la péréquation" budgétaire, indique le président de la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI) du Cantal, Bertrand Bouniol. Et de rappeler dans un sourire que "le Far-West a bien réussi à la Californie".

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