La tempête de neige meurtrière qui s'est déchainée sur le circuit de trek le plus populaire du Népal sonne comme un "avertissement" pour les agences de trekking et les randonneurs, selon les professionnels.
La tempête a tué au moins 43 randonneurs, guides et porteurs sur le circuit du tour des Annapurnas, au plus fort de la saison de trekking, ce qui constitue l'une des pires catastrophes pour le trekking au Népal.
Des centaines de personnes coincées en raison de la neige ont été hélitreuillées, certaines souffrant d'engelures dues aux journées passées dans le froid sans vêtement adapté, octobre étant habituellement le mois idéal pour la randonnée.
Mais à la différence de l'avalanche qui avait tué 16 personnes sur les pentes de l'Everest en avril, les professionnels estiment que le bilan aurait pu être moins lourd si des alertes météo avaient été lancées.
"C'est un avertissement pour nous. Nous avons besoin d'un système d'alerte météo et de refuges d'urgence pour les trekkeurs en perdition", a dit le porte-parole du Bureau du tourisme du Népal, Sharad Pradhan, à l'AFP.
"C'est aussi un rappel pour les milliers de trekkeurs - qui pensent qu'ils peuvent monter à 4.000/5.000 mètres seuls - afin qu'ils prennent leurs responsabilités au niveau de la sécurité", ajoute-t-il.
"S'ils étaient partis avec des guides enregistrés, les pertes auraient été nettement moindres".
Chaque année des milliers de touristes s'attaquent au tour des Annapurnas, l'essentiel du circuit étant bien balisé et à relativement basse altitude donc accessible à des marcheurs peu expérimentés.
Mais les randonneurs doivent franchir le passage du col de Thorong, où ont été enregistrées la plupart des victimes, à 5.416 m, une zone à risque d'avalanche et de malaise d'altitude.
"Ce n'est pas un trek ordinaire si vous allez jusqu'à Thorong La pass. C'est pratiquement de l'alpinisme", estime Kunda Dixit, rédacteur en chef du Nepali Times et grand connaisseur de l'Himalaya.
Paul Sherridan, survivant britannique, a expliqué que son groupe avait dû avancer pratiquement sans visibilité et a estimé que certains ont été "conduits vers leur mort" par des guides népalais sans expertise de ce genre de conditions.
"Mon opinion est que cet accident aurait pu être évité", a dit le policier de 49 ans à la BBC.
Systèmes d'alerte
Le Premier ministre népalais a promis l'installation de système d'alerte météo dans les zones de montagne les plus reculées, en particulier celles fréquentées par les touristes.
Mais les experts jugent que l'effort doit aussi porter sur la prise de conscience des dangers du trekking en altitude.
Environ 30% des 200.000 trekkeurs venant au Népal chaque année ne partent pas avec un guide enregistré, selon Pradhan, du bureau du tourisme.
Certains survivants ont raconté ne pas avoir été informés de l'arrivée de la tempête de neige quand ils se sont mis en route, alors qu'elle était prévue par les services météo.
Mais la faute revient essentiellement aux agences de trekking qui aurait dû être mieux préparées, selon des professionnels.
Ainsi l'agence de Tashi Sherpa a repoussé le trek de ses clients en voyant les prévisions météo."Nous prenons beaucoup de précautions quand nous partons sur le tour des Annapurnas, nous emportons de l'oxygène, des masques, des médicaments, des téléphones satellite, des vestes supplémentaires, des chaussures pour la neige et des lunettes de haute montagne", dit Sherpa, qui dirige l'agence Seven Summit Treks à Katmandou.
"Nous prenons tout le nécessaire en cas de détérioration du temps", souligne-t-il. Il rappelle également qu'aucune compétence particulière n'est exigée pour ouvrir une agence de trekking au Népal et souhaiterait un encadrement de ces agences.
"Il n'y a pas d'exigence particulière pour ouvrir une agence de trekking, tout le monde peu le faire, peu importe l'expérience", dit-il à l'AFP. "Si vous parlez convenablement anglais et que vous arrivez à convaincre des clients, vous pouvez faire affaires".
Mais pour Dixit, éditeur du Nepali Times, la priorité doit être donnée à l'amélioration des télécommunications en montagne plutôt qu'à une réglementation qui pourrait porter un coup au trekking au Népal.