A Clermont-Ferrand, une ressourcerie s'est ouverte il y a un an. Une ouverture non officielle car pour l'instant, celles et ceux qui animent cet outil au service de l'économie solidaire et du développement durable attendent encore des aides pour apparaître au grand jour.
Vu de l'extérieur, c'est un ancien magasin, muré … Mais derrière les parpaings, à l'intérieur, il y a bien de l'activité. Celle de "JeRecycle PARC", "Pour une Action Responsable et Citoyenne"
L'association a investi cette friche commerciale sans véritable autorisation officielle, mais portée par des valeurs bien dans l'air du temps comme l'éco-citoyenneté, l'économie solidaire, le lien social et la valorisation des déchets.
Son but : récupérer tout ce qui peut encore servir pour donner une seconde vie à ce que l'on jette… Philippe Capalija, collecteur de dons explique sa démarche : "on consomme beaucoup du neuf et en quantité assez déraisonnable en général. Nous, on récupère tous ces matériaux qui sont généralement encore utilisables et qui ne demandent qu'à être réutilisés".
Une deuxième vie pour les objets
Une jeune fille vient d'amener de la vaisselle. Première étape indispensable : la table de tri. "On vérifie les objets qui arrivent, leur état général. Un objet qui est cassé va partir au recyclage, mais en général, les gens qui font la démarche de donner à la ressourcerie savent que ça va resservir, donc la plupart du temps, on reçoit des objets à peu près en état".Collecte, stockage, réemploi. Cette association a démontré aux institutions dubitatives la viabilité de cette démarche. A côté du lieu de tri et du "magasin", Boris Therin, technicien, nous présente l'atelier. Il est en train d'y tester une petite télévision cathodique. "Je vérifie qu'elle fonctionne. C'est le cas. Je vais la mettre à 4 euros." Elle a beau afficher un look désuet et être bien loin des écrans plats et de la HD, Boris n'a pas de doute sur le fait qu'elle finira par connaître une seconde vie. "Ça va partir ! Quelqu'un va peut-être la prendre pour brancher la console du gamin ..."
Trois emplois créés
Le fruit de ces ventes réalisées permet pour l'instant de dégager trois demi-salaires. Celui de Philippe, Boris et Damien. L'autre moitié du salaire provient de l'Etat conformément à ses engagements pris dans le cadre du grenelle de l'environnement notamment.JeRecycle Parc occupe un créneau proche du Secours Populaire ou d'Emmaüs, mais pas tout à fait identique. Pour Damien Langlois, administrateur, "ce qui nous caractérise en particulier, c'est notre action de sensibilisation à l'environnement. Il faut dire aux gens qu'une télé qui fonctionne, au lieu de s'en débarrasser il faut nous l'amener. Elle peut resservir. Il faut penser à trier et séparer ses déchets car tous les déchets ne sont pas des déchets ultimes, loin de là. On essaie de faire un maximum de travail en amont pour éviter la surcharge des déchetteries et les productions des fumées d'incinérateurs".
Valoriser tout ce qui peut l'être
Lorsque c'est possible, la ressourcerie va collecter des objets à domicile. Un particulier a contacté l'association pour vider un garage. Philippe part au volant de la fourgonnette de la structure, recyclée elle aussi. "On nous l'a donnée !" sourit-il.Arrivé sur place, tout n'est pas récupérable : Philippe fait une sélection. "On n'est pas une déchetterie. On ne prend que ce qu'on peut valoriser directement. Certaines choses seront valorisées par le VALTOM, par contre une petite lampe comme celle-ci, ça se nettoie, ça se remet en forme, ça a une petite valeur marchande !"
Ces hommes ont ainsi créé leur propre emploi - 3 salariés pour l'instant - l'objectif étant de doubler les effectifs pour pérenniser cette structure.
Mais la priorité reste aussi la remise en état des lieux. Électricité, plomberie, réseau d'eau. Et le "démurage" pour enfin s'offrir une véritable vitrine sur l'extérieur. Pour qu'enfin cette occupation tolérée entre ces murs devienne une présence légitime.