Le maire de Lyon, Gregory Doucet, et celui de Grenoble, Eric Piolle, avaient réclamé un moratoire contre la 5G dans leur ville. Mais depuis le début 2021, tous les opérateurs téléphoniques y proposent désormais leurs offres 5G, et poursuivent le déploiement de leurs réseaux.
Alors que le maire écologiste de Lyon, Gregory Doucet, et celui de Grenoble, Eric Piolle, avaient réclamé un moratoire contre la mise en place de la 5G dans leur ville en septembre dernier, les opérateurs téléphoniques y ont déjà largement déployé leurs réseaux.
Plus de 2 300 antennes
SFR, Bouygues, Free, et maintenant Orange... A Lyon, tous les opérateurs proposent, depuis le début 2021, des offres commerciales incluant un forfait 5G, même si quelques arrondissements ne sont pas encore couverts. Dans le Rhône, même si le réseau ne sera couvert à 100% qu'en 2030, plus de 760 antennes 5G sont déjà en activité. Et plus largement en Auvergne-Rhône-Alpes, on compte plus de 2 300 antennes à ce stade, qui ont d'abord été déployées à Clermont, puis à Saint-Etienne, avant Lyon et Grenoble. Les maires de Lyon et de Grenoble faisaient pourtant partie de la soixantaine d'élus réclamant un moratoire, dans une tribune parue dans le JDD en septembre dernier. Mais en matière de téléphonie, ils n'ont pas le pouvoir d'empêcher ces déploiements. C'est l'État qui décide, comme rappelé par une décision du Conseil d'Etat en 2011.
Les élus "ligotés"
Le maire de Lyon, Grégory Doucet, a donc pris acte des annonces des opérateurs, faute de pouvoir s'y opposer, en rappelant qu'il leur demandait "des signaux forts sur leur responsabilité sociale et sociétale". A Grenoble, le maire EELV Eric Piolle a déploré que les mairies n'aient pas les moyens juridiques de s'opposer au déploiement de la 5G sur leur commune. "Le gouvernement a ligoté les mains des élus locaux dans le domaine. Il y a un problème démocratique. Au tribunal, à chaque fois, les opérateurs gagnent (...) On n'a pas le choix, ça démarre sans nous, on n'est pas au courant, ça y va comme ça", a-t-il déclaré début février sur France Inter. Pourtant à Lille, le conseil municipal a adopté mi-octobre un moratoire sur la 5G jusqu'à la publication prévue au printemps 2021 d'un rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sur le sujet, et les opérateurs ont décidé de ne pas passer en force.
Pour ou contre ?
Paris, Rennes, Nantes, Strasbourg... D'autres villes ont fait part de leur réticence, en organisant par exemple des débats citoyens ou en adoptant des chartes, sans empêcher les déploiements. A l'opposé, d'autres mairies, comme Marseille, Toulouse, Nice ou Montpellier, accueillent à bras ouvert cette technologie, ce qui peut en faciliter le lancement : Nice est ainsi devenue la première ville française couverte par le réseau mobile, dès la fin novembre. A Toulouse, Bertrand Serp, vice-président de Toulouse Métropole en charge de la transition numérique, se félicite : "il n'y a pas eu d'opposition farouche, on a consulté les citoyens sur les nouveaux usages permis par cette innovation, la 5G, cela va renforcer l'attractivité de notre territoire". Voiture autonome, usines "connectées", "smart" agriculture ou encore opérations chirurgicales à distance... La 5G, annoncée comme le catalyseur d'une prochaine "révolution industrielle", s'annonce comme le vecteur de nouveaux emplois et de nouveaux usages.
La révolution 5G
Le monde industriel évoque déjà l'avènement de "l'industrie 4.0", avec la possibilité de faire tourner des "usines intelligentes" truffées de capteurs et objets connectés. Dans le monde médical, fin février 2019, un exemple fut donné par le médecin Antonio de Lacy, qui a réalisé la première opération chirurgicale au monde "télémonitorée" via la 5G. Durant l'opération, la connexion 5G a permis un temps de latence de 0,01 seconde et une qualité d'image inégalée, permettant d'opérer à distance via des bras robotisés. Mais les opposants à l'évolution des réseaux de communication craignent des risques pour la santé liés aux ondes (à cette heure hypothétiques), ou environnementaux, indirectement, la 5G engendrant une expansion de l'industrie et de la consommation électronique. En France, et notamment en Auvergne-Rhône-Alpes, des actes de malveillances se multiplient dans la région contre les antennes-relais (et des centres de commutations de fibre optique), depuis le début 2021 en particulier.