Sept ans après la disparition de la petite Fiona à Clermont-Ferrand, Cécile Bourgeon, sa mère, et Berkane Makhlouf vont devoir s’expliquer une quatrième fois devant la justice. Le procès débutera le 1er décembre, devant la cour d’assises du Rhône. Retour sur cette affaire en cinq dates.
Le 12 mai 2013, la ville de Clermont-Ferrand était en émoi : Fiona, une petite fille de 5 ans, venait de disparaître dans un parc de la ville. Sept ans plus tard, et après de nombreux rebondissements, sa mère Cécile Bourgeon et son beau-père, Berkane Makhlouf, tous deux accusés d'avoir tué la fillette, vont une nouvelle fois devoir s’expliquer devant la justice lors d'un quatrième procès qui débutera le mardi 1er décembre devant la cour d’assises du Rhône. Retour sur les 5 dates clés de cette affaire hors normes.
12 mai 2013 : une disparition inquiétante
En fin d’après-midi, ce 12 mai 2013, une jeune mère de famille se rend au commissariat de Clermont-Ferrand pour signaler la disparition de sa fille Fiona, âgée de 5 ans. Enceinte de six mois, elle explique qu’elle s’est assoupie sur un banc, dans un parc de la ville, pendant que ses deux filles jouaient et qu’à son réveil, l’aînée n’était plus là. Dès 18h45, des recherches d’envergure sont engagées pour fouiller le parc Montjuzet, mobilisant la police, la protection civile, un hélicoptère armé d’une caméra thermique et des équipes cynophiles, sans oublier les habitants du quartier qui sont spontanément venus prêter main forte. Dès le lendemain matin, alors qu’une centaine de militaires du 92e RI se mettent eux aussi à chercher la fillette, un appel à témoins est lancé. Un appel relayé par Cécile Bourgeon, la mère, qui, en pleurs devant les nombreuses caméras de télévision rapidement arrivées sur place, supplie qu’on l’aide à retrouver sa fille. Parallèlement, une information judiciaire pour enlèvement et séquestration est ouverte par le parquet.
24 septembre 2013 : coup de théâtre, la mère est placée en garde à vue
Alors que la petite Fiona est toujours introuvable, c’est le coup de théâtre : quatre mois après sa disparition, sa mère, Cécile Bourgeon, et son beau-père, Berkane Makhlouf, qui vivent désormais à Perpignan où ils viennent d’avoir un enfant, sont interpellés et placés en garde à vue. Après avoir maintenu ses déclarations, Cécile Bourgeon finit par changer de version et au cours de sa quatrième audition livre aux policiers une vérité sidérante : Fiona est morte et sa disparition était une mise en scène. Pire, avec Berkane Makhlouf, qui se serait emporté contre Fiona et lui aurait porté une claque au visage la veille de son décès, ils sont partis l’enterrer dans les bois. Le 26 septembre, ils sont mis en examen et placés sous mandat de dépôt. L’opinion publique est sous le choc et même si Cécile Bourgeon explique que c’était un accident et que la fillette est morte dans son sommeil, les réactions à l’égard de celle qui a menti à la France entière sont d’une violence inouïe. Un mensonge, qui n’est peut être pas le dernier : car si elle et son compagnon déclarent avoir enterré Fiona aux alentours du lac d’Aydat, rien ne prouve à ce jour qu’ils disent la vérité puisque malgré de nombreuses recherches, son corps n’a jamais été retrouvé.
26 novembre 2016 : Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf face à la justice
Poursuivis pour violences volontaires ayant entrainé la mort, Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf se retrouvent le 26 novembre 2016 devant la cour d’assises du Puy-de-Dôme, à Riom, lors d’un procès qui déchaine les passions. Au terme de dix jours d’audience qui n’ont pas permis de découvrir où était le corps de la fillette, le verdict tombe : alors qu’il a toujours nié avoir mortellement frappé la fillette, Berkane Makhlouf est condamné à 20 ans de réclusion criminelle. Cécile Bourgeon elle, est condamnée à 5 ans de prison pour non-assistance à personne en danger, dénonciation mensongère, et recel de cadavre mais est acquittée pour les violences volontaires ayant entraîné la mort de sa fille. Un acquittement inadmissible pour le parquet qui décide d’interjeter appel.
11 février 2018 : Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf condamnés à 20 ans de réclusion.
Après un procès en appel qui s’est joué en deux temps, en raison d’une première audience avortée en octobre suite à un incident (*), la mère et le beau-père de Fiona sont tous les deux condamnés à 20 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de la Haute-Loire, le 11 février 2018 au Puy-en-Velay, pour les violences volontaires ayant entrainé la mort de la petite fille. Tous deux retournent en prison, emportant avec eux leur terrible secret, le lieu où ils ont fait disparaitre le corps de la petite fille.
20 février 2019 : Cécile Bourgeon est libérée
La condamnation de Cécile Bourgeon ne passe pas pour ses avocats qui ont décidé de se pourvoir en cassation. Un pourvoi qui, le 20 février 2019, conduit à l’annulation du verdict du Puy-en-Velay pour elle comme pour Berkane Makhlouf, la cours de cassation estimant qu’il y avait bien eu des vices de forme lors de ce procès. Retour à la case départ donc pour Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf qui vont devoir être rejugés en appel et se retrouvent par conséquent présumés innocents. Ayant accompli les 5 années de prison auxquelles elle avait été condamnée, Cécile Bourgeon a été libérée sur le champ. Retournée à Perpignan, la jeune femme a depuis refait sa vie. Après s’être mariée, elle a mis au monde son quatrième enfant, une petite fille, qui lui a été retirée dés sa naissance par les services sociaux pour être placée. C’est donc libre que Cécile Bourgeon comparaitra à ce quatrième procés, contrairement à son ex compagnon Berkane Makhlouf qui lui est toujours incarcéré, malgré une demande de liberté conditionnelle qui vient de lui être refusée par la chambre de l’instruction.
(*) Le 13 octobre 2017, Me Khanifar, l'avocat de Berkane Makhlouf, accusé de subornation de témoin par l'avocate Marie Grimaud qui représente en partie civile l'association Innocence en danger, décide de quitter l’audience tout comme le conseil de Cécile Bourgeon Me Portejoie. Un incident suivi d’une demande de renvoi formulée par la défense et qui a conduit les magistrats à prononcer le renvoi du procès en appel pour janvier 2018.