Les meurtres de Maëlys De Araujo et d'Arthur Noyer sont intervenus à quelques mois d'intervalle, en 2017. Pourtant, Nordahl Lelandais sera jugé deux fois, à Chambéry et Grenoble. Une organisation discutable, selon plusieurs sources judiciaires.
Le procès de Nordahl Lelandais pour le meurtre d'Arthur Noyer s'ouvre lundi 3 mai à Chambéry. Mais pour l'enlèvement et le meurtre de Maëlys, survenus quelques mois plus tard en 2017, Lelandais ne devrait pas comparaître avant 2022, à Grenoble.
"Toute l'affaire aurait dû être jugée à Chambéry", estime une source judiciaire savoyarde, rejointe par d'autres en Savoie et en Isère. Parce que les faits instruits à Grenoble et à Chambéry ont eu lieu sur une période de moins de cinq mois, en 2017, et surtout parce que seul l'enlèvement de Maëlys De Araujo s'est déroulé en Isère, soulignent ces sources.
Tous les autres faits ont été situés du côté savoyard, y compris le décès de Maëlys et les agressions sexuelles sur deux fillettes pour lesquelles Nordahl Lelandais est aussi mis en examen. Par ailleurs, pour une complète appréhension de l'accusé, qui reconnaît avoir donné la mort, selon lui accidentellement, à deux victimes aux profils très différents, un procès unique s'imposait, estiment certaines sources judiciaires.
Une question "d'egos"
Des protagonistes des deux instructions, notamment des experts, se sont aussi transmis des pièces, d'un dossier à l'autre : "Si l'on accepte ça, alors les deux dossiers doivent être joints", confiait déjà une source judiciaire voici deux ans.
Mais "un manque de communication" dès le début de l'affaire entre les deux cours d'appel de Chambéry et Grenoble, et surtout une question "d'egos", ajoute-t-on de mêmes sources, n'ont pas permis la jonction des deux dossiers. Du côté de la défense, Me Alain Jakubowicz n'avait pas d'avis particulier sur la question.
Me Bernard Boulloud, avocat des parents d'Arthur Noyer, avait dans un premier temps souhaité un procès unique, avant d'adopter la position de ses clients qui voulaient un procès consacré à la mort de leur fils et non pas lié à celle de la petite Maëlys, qui risquait de capter toute l'attention.
Un autre argument jouant contre l'organisation d'un seul grand procès à Chambéry est la configuration du palais de justice de la ville. Ses vieux murs du XIXe constituent un labyrinthe peu fonctionnel, dans lequel même les habitués peuvent se perdre. Celui de Grenoble, construit en 2002, est, lui, plus adapté aux audiences d'ampleur.