Alors que l'activité des centrales est encadrée afin d'empêcher que les rejets ne réchauffent trop les fleuves, EDF assure que cette mise à l'arrêt de l'unité de production 3 n'affecte pas le réseau électrique.
C'est une mesure qui doit permettre de "respecter les limites prescrites" dans l'arrêté de rejet de la centrale. Ce samedi à 12H, l'unité de production n°3 de la centrale du Bugey dans l'Ain a été mise à l'arrêt, afin de limiter la hausse de température du Rhône.
Un arrêt pour éviter l'échauffement du Rhône
"On a deux types de réacteurs, explique EDF. Pour les unités de production n°2 et 3, on prend et on rejette directement dans le Rhône. La 4 et la 5 ont des aéroréfrigérants. Sur les unités de production en direct sur le Rhône, on a une différence de température au moment où on prélève et celui où on rejette de 1°C. Avec les tours aéroréfrigérantes, on ne réchauffe le Rhône que de 0,1°C. Quand il y a des fortes chaleurs, on module les unités de production 2 et 3 puisque ce sont celles qui réchauffent le plus le Rhône."
Cet arrêt "n'a aucun impact sur la sûreté de l'installation", assure EDF, qui rappelle également que pour la production,"les unités de production n°2, 4 et 5 sont à la disposition du réseau national d'électricité." "Cela fait partie de notre fonctionnement normal, c'est prévu dans notre arrêté de rejet. On module nos puissances des réacteurs pour être à la fois dans les limites de notre arrêté de rejet et à la fois dans l'équilibre de l'offre et la demande". En effet, d'après le producteur d'énergie, la consommation d'énergie est faible en ce week-end du 14 juillet, et les prix de l'électricité très bas."On n'a pas besoin de nous sur le réseau", résume-t-il.
Une situation en rien comparable à celle de l'an dernier selon EDF
Ce coup de frein est le premier de l'été, même si la puissance des réacteurs a déjà été modulée. Mais à l’été 2022, deuxième plus chaud jamais mesuré après 2003, EDF avait cependant bénéficié de dérogations sur le site de Bugey pour continuer à produire au-delà des seuils d’échauffement. "L'an dernier, on était sur des situations exceptionnelles de modifications temporaires de notre arrêté de rejet. On n'est pas du tout dans cette situation-là actuellement", affirme EDF. Pour l'instant, aucune date de remise en route du réacteur 3 n'est fournie. Les autres unités de production, elles, devraient à priori continuer de fonctionner normalement.
Sécheresse, réchauffement des eaux et nucléaire incompatibles
Une aberration pour Jean-Pierre Collet, président de l'association Sortir du Nuclaire Bugey. "Cette eau est en amont de l'agglomération lyonnaise, elle est soumise à toute forme de pollution. Car en plus des problèmes de température, il y a des problèmes de pollution." déplore-t-il, avant de poursuivre : "l'eau trop chaude rejetée dans les fleuves a des répercussions sur la biodiversité, sur la prolifération d'agents pathogènes. [...] L'an dernier, l'eau du Rhône a dépassé largement les 26, 27 degrés à plusieurs reprises."
Aujourd'hui, le président est sceptique quant au développement nucléaire à court et long terme, notamment avec les situations de sécheresse de plus en plus récurrentes sur le territoire. "Déjà l'été dernier, la centrale du Bugey comme beaucoup de centrales avait été soumise à des contraintes, il avait fait très chaud et très sec. On avait déjà alerté sur ce problème des centrales qui rejettent massivement des eaux chaudes dans des fleuves qui sont déjà eux-mêmes chauds naturellement. Cette année, on est à nouveau dans cette configuration, même si un tout petit peu moins critique." Jean-Pierre Collet tire la sonnette d'alarme. "Le nucléaire, contrairement à ce qu'on entend souvent dire, est une source d'énergie très tributaire des conditions climatiques et des ressources en eau."