"Je suis très inquiet pour le moral de mes chefs d'entreprise", confie le président de la Chambre de métiers de l'Ain. Le 2e confinement met les petites entreprises en difficulté. Il redoute un effet dévastateur, des conséquences économiques mais aussi psychologiques.
"Il serait irresponsable d'alléger le dispositif...". Jeudi 12 novembre, le premier ministre Jean Castex a exclu tout assouplissement du confinement pour encore au moins 15 jours. Un coup dur pour les entreprises et notamment pour les commerces, qui devront attendre le 1er décembre pour espérer pouvoir rouvrir. Comment l'annonce d'un confinement prolongé pour deux semaines a-t-elle été accueillie ? Réponse avec Vincent Gaud, Président de la Chambre des métiers de l'Ain.
"Un confinement pas à pas..."
"C'est dur à vivre parce que les entreprises ont mis en place énormément de choses, elles se sont protégées et aujourd'hui on leur remet encore 15 jours... et en plus on nous dit que peut-être dans une semaine, si les chiffres ré-augmentent, on va se reprendre encore un coup sur la tête. Oui, c'est dur pour nos commerces non essentiels qui sont fermés alors qu'ils ne le méritent pas", déplore Vincent Gaud.La question du manque de visibilité inquiète les entrepreneurs et responsables de petites entreprises. "Avec ce confinement, pas à pas - une semaine, 15 jours - c'est dur pour le chef d'entreprise car il y a une peur du lendemain qui s'installe. Et c'est dur pour le client qui ne vient plus dans les commerces..." explique le Président de la Chambre des métiers de l'Ain.
Peu ou pas de clients ... mais pas d'aides !
Les chefs d'entreprise qui ont été obligés de fermer ne sont pas les seuls à "avoir peur". Les entreprises et commerces autorisés à ouvrir vivent également dans la crainte. Vincent Gaud explique : "depuis le démarrage du confinement, les gens ont peur. Tous ceux qui peuvent ouvrir - comme un cordonnier - ne voient pas de clients mais ne bénéficient pas des systèmes d'indemnisation mis en place pour les établissements qui sont obligés de fermer, qui sont soumis à une fermeture administrative.""Le malaise des chefs d'entreprise"
Des entreprises vont-elle mettre la clef sous la porte ? Pas nécessairement dans l'immédiat. "Aujourd'hui tout est un peu artificiel à cause des charges qui sont reportées, à cause des prêts garantis par l'Etat..." commente Vincent Gaud. Par contre, à la différence du premier confinement, le Président de la Chambre des métiers de l'Ain ressent "le mal-être des chefs d'entreprise" et redoute des drames humains à venir.Vincent Gaud redoute les effets économiques mais surtout psychologiques de ce nouveau confinement. Il dévoile ses craintes: "on a parlé de toutes les problématiques dans l'agriculture... on a eu des suicides. Si on continue à nous pointer du doigt, à nous taper sur la tête, j'ai peur qu'on ait des drames humains dans les petites entreprises. Souvent une petite entreprise, c'est une famille, c'est un couple qui tient un commerce."Les chefs d'entreprises prennent un gros coup sur la tête. Et justement par manque de visibilité, il va y avoir des drames.
Avec tout ce qui est en train de se passer, c'est la vie de famille qui va être perturbée et tout son environnement. Je suis très inquiet pour le moral de mes chefs d'entreprise.
"Commerces non essentiels... une erreur de langage"
Vincent Gaud pointe du doigt aussi l'expression "commerces non essentiels" utilisée par le gouvernement depuis le début de la crise sanitaire et depuis le premier confinement. Le sentiment d'être "pointé du doigt". Des petites entreprises considérées à tort comme portion congrue..."Quand on parle de commerces non essentiels, je trouve que c'est d'une ingratitude terrible. Je pense que le gouvernement a fait une erreur de langage qui fait qu'on se sent vraiment pointé du doigt. Or on paie nos impôts, on est non délocalisable, on embauche, on crée de la valeur ajoutée sur un territoire, on a des locaux... On participe à la vie d'une collectivité, d'un village. On se retrouve pointé du doigt. C'est vraiment dur pour des gens qui font vivre un écosystème local, qui font vivre les communes, tout un territoire et tout un pays."
Extrait 19/20 France 3 Rhône-Alpes