À Ambérieu-en-Bugey, une forteresse médiévale préservée, surplombe la vallée de l'Ain. Le château des Allymes a échappé à l'oubli et à la destruction grâce à des passionnés. Cette place-forte est le témoin d'une riche histoire locale.
Perché à 630 mètres d'altitude, le château des Allymes est un des rares châteaux-forts ouverts au public et classé monument historique depuis 1960. Avec des murailles de plus de deux mètres d'épaisseur, des remparts d'une quinzaine de mètres de hauteur, ce château est une véritable forteresse, inexpugnable. "On est encore dans les bases du château du 14ᵉ siècle," explique le guide Jean-Philippe Perret. "C'est un lieu pour poster des hommes, pour garder, pour attaquer l'ennemi".
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Reportage de F.Grassaud, V.Diguat, C.Foulon, L.Maigrot/ Images drone Jean-Pierre Poupon.
Intervenants : Jean-Philippe Perret (guide) / Cédric Soulier (Association des Amis du Château)
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©France Télévisions
Deux principautés, deux forteresses
Ce château-fort est né des conflits entre le Dauphiné et la Savoie. La bâtie militaire a été édifiée entre 1312 et 1318 sur les hauteurs d'Ambérieu-en-Bugey par le dauphin de Viennois. Une riposte à la construction par son ennemi, le comte de Savoie, d'une fortification sur le mont Luisandre qui lui faisait face. Deux forteresses ennemies se font face, à moins d’un kilomètre de distance. Celle du Luisandre présente un plan carré flanqué d’une tour majeure dans un angle. Celle des Allymes présente un plan similaire avec une tour ronde dans l’angle nord-ouest, très exposé à l’ennemi.
"On est sur la route de l'Italie, on a deux grandes principautés qui vont s'affronter pendant deux siècles : le Dauphiné et le Comté de Savoie. On va notamment se disputer pour les péages", résume Jean-Philippe Perret. "Deux châteaux ennemis, deux villages ennemis ... à feu et à sang". Cette guerre entre Dauphiné et Savoie dura de 1140 à 1355.
Une grande page d'histoire locale
Professeur de biologie, Cédric Soulier est un passionné et même membre actif de l'association des Amis du Château des Allymes. "Avec ces vieilles pierres, j'ai l'impression d'être un chevalier. Le passé est palpable ici", explique-t-il. Il n'ignore rien de l'histoire des lieux et de ses occupants. L'un des châtelains les plus connus : René de Lucinge, seigneur des Allymes. Ce dernier a été ambassadeur du Duc de Savoie auprès du Roi de France Henri IV. C'est René de Lucinge qui signe "le traité de Lyon" en janvier 1601. Ce document fait date et marque l'histoire régionale. "Grâce à ce traité, l'ensemble des pays d'Ain deviennent français", résumé Cédric Soulier. Le traité a établi la souveraineté du roi de France sur les terres de Bresse, Bugey, Valromey et Pays de Gex.
Un patrimoine sauvé
Entre le milieu du XVIIe siècle et le milieu du XIXe siècle, le château a changé de mains trois fois. Au début du XIXe siècle, le bâtiment semblait abandonné. En 1840, le château entre en possession d’Adolphe de Tricaud qui a décidé de le restaurer vers 1860. La famille de Tricaud garde la propriété du bâtiment jusqu’en 1959, date à laquelle un antiquaire parisien achète le bâtiment. En 1960, une association se crée dans le but de restaurer le bâtiment et de l’ouvrir au public. Finalement, le bien est acheté par la commune d’Ambérieu-en-Bugey en 1984. Restauré entre 2017 et 2020, il est aujourd'hui le monument phare de la cité ambarroise. Le bâtiment est un bien communal ouvert au public par l’association des Amis du château des Allymes et de René de Lucinge.
Le château, ouvert au public, a accueilli plus de 11 000 personnes en 2022.