Un charcutier-rôtisseur d'Ambérieu-en-Bugey dans l'Ain vient de remporter une compétition régionale plutôt salée : celle du meilleur saucisson à cuire. Eric Chanel rêve déjà d'autres concours, dont le Mondial du saucisson sec.
Avec un nom immédiatement évocateur de haute couture, Eric Chanel ne pouvait faire moins qu'être une pointure dans son domaine : celui du saucisson à cuire. Ce natif d'Ambérieu-en-Bugey, qui manie le couteau comme Coco sculptait à l'aiguille, est charcutier de métier. Il vient de décrocher le titre (envié) de champion régional du saucisson à cuire en battant à plate couture une vingtaine d'autres concurrents. Un concours né en 1970 à Lyon et ressuscité l'an dernier à Meximieux dans l'Ain.
L'édition 2023 s'est déroulée le lundi 18 septembre dans les laboratoires d'un traiteur de Saint-Genis-les-Ollières, dans le Rhône. Pendant deux heures, 20 saucissons à cuire ont été observés, humés, découpés puis goûtés par un jury très affûté de spécialistes du sauciflard aquaphile. Et le savoir-faire d'Eric Chanel a fait toute la différence : savoureux et équilibré, ni trop salé, ni trop gras, dans une délicate nuance de rose, son saucisson à cuire a pris les jurés aux tripes.
Un ingrédient secret qui change tout
"Le secret d'un bon saucisson à cuire ? D'abord la viande et le gras !" explique le styliste du rouleau rose et gourmand." Je me fournis chez un collègue à Bourg-en-Bresse. Et ensuite, j'utilise du sel fin bio de Camargue, du poivre, de la muscade. Ni colorant ni conservateur, et pas de nitrite surtout ! Ensuite, j'ajoute un vin rouge du Bugey. Plus un ingrédient secret..." Rien à faire, Eric Chanel se ferait couper en rondelles plutôt que de livrer son secret.
Cet ancien cycliste de haut niveau avait déjà participé à ce concours du meilleur saucisson à cuire et décroché successivement la 3ème puis la 2ème place. Mais depuis dix ans, il avait lâché l'affaire. "Et puis cette année, ça s'est fait complètement par hasard. En vendant sur le marché, j'ai rencontré un nouveau fournisseur, on a taillé le bout de gras et on a parlé du concours, dont il était membre du jury. Je ne savais même pas que le concours existait encore" raconte Eric Chanel, les mains dans le hachoir. "Du coup, je lui ai dit de m'inscrire et je lui ai donné deux saucissons que j'avais ce jour-là dans la vitrine, et que je m'apprêtais à vendre. Je n'ai pas cherché à faire une fabrication spéciale, pas du tout !"
En route pour le championnat du monde de saucisson sec
Eric Chanel recevra son prix le 22 octobre à l'Abbaye de Collonges-Paul Bocuse. Et il continuera à faire les marchés, avec son saucisson de compétition. En rêvant pourquoi pas d'autres titres... "L'an prochain, j'irai bien tenter le championnat du monde de saucisson sec. J'en fabrique un qui a toutes ses chances !"