Dimanche 27 novembre, le guide Michelin sera en deuil. Il va perdre un étoilé! Le restaurant "Léa" de Montrevel-en-Bresse ferme. A 68 ans, le Chef Louis Monnier rend son tablier, pour une retraite méritée. Durant 31 ans, il a su lustrer son étoile, non sans l'aide de Marie-Claude, sa femme.
C'était bien chez "Léa", chaque jour était une fête, une célébration de la gastronomie de Bresse. Des recettes efficaces, héritage de la mère Brazier, un accueil chaleureux et soigné... Le restaurant a reçu pour la première fois la visite des critiques du Guide Michelin en 1984. L'année suivante, une étoile était née. Elle n'a plus quitté la façade de l'établissement.
31 ans de fidélité à une étoile, 31 ans de fidélité à l'exigence! Un sacerdoce pour Marie-Claude et Louis Monnier. En cuisine, le Chef est resté le meilleur allié de la poularde de Bresse ou du homard sauce corail. Le tout servi avec raffinement dans une petite salle de 20 couverts.
Souvent, le couple s'est découragé car le restaurant n'a pas toujours été plein. Mais ils n'ont pas bronché. C'était le prix à payer pour défendre la qualité.
Louis commençait ses journées à 4 ou 5 heures pour faire son marché et négocier le meilleur. Marie-Claude mettait en scène le spectacle culinaire. C'est ainsi que la vie s'est écoulée derrière les murs colorés de "Léa", du nom de la mère de Marie-Claude qui tenait jadis ce restaurant de pays.
On aurait pu penser que l'établissement n'allait pas fermer, qu'un des fils de la famille allait prendre le relais. Mais ni Eric, le Chef de rang, ni Cédric, propriétaire d'un restaurant à deux pas, n'ont osé relever le défi.
Reportage Franck Grassaud et Arnaud Jacques
Dimanche 27 novembre, le restaurant étoilé "Léa" fermera ses portes.
Intervenants : Marie-Claude et Louis Monnier; Eric et Cédric Monnier
On ne dira pas que les Monnier vivent cette situation sans regret. Ils ont bien essayé de vendre, avant de se raviser. Finalement, ils continueront à vivre dans la maison de "Léa". La salle du restaurant deviendra un salon, mais la cuisine restera. "J'inviterai des copains", lance Louis, en souvenir de ces moments où les grandes toques se pressaient. Les Bocuse et Chapel n'auraient manqué pour rien au monde le pot au feu de Louis, lors des Glorieuses de Bresse.