L'US Oyonnax, qui tentera samedi de remporter à Pau sa cinquième victoire consécutive en Top 14, mise sur le jeu, aux antipodes de sa culture passée, pour sauver sa place en Top 14.
Pour la première fois depuis cinq mois, le club du Haut-Bugey, longtemps connu pour son jeu rugueux, a quitté le week-end dernier la dernière place, synonyme de relégation directe en¨Pro D2, en battant Toulon (29-26), l'un des cadors du championnat.
"En moyenne, pour mettre en place un projet de jeu, il faut dix-huit mois. Nous sommes un peu en avance. Il ne faut pas oublier qu'à l'intersaison, nous avons changé les joueurs, l'encadrement et la façon de jouer", rappelle Adrien Buononato (40 ans), le directeur sportif du club promu désormais 13e et barragiste.
"La mise en place de ce projet de jeu a nécessité trois temps: la phase d'appropriation par le groupe, le développement du projet lui-même et sa maîtrise", poursuit Buononato, qui a pris les commandes de l'équipe en juillet en succédant à Johann Authier.
Un coup d'avance
"On joue sur terrain synthétique, une surface rapide. On construit une équipe avec des joueurs faits pour ce rugby-là. Il y a eu un long temps d'adaptation mais quand ce jeu est parfaitement maîtrisé, on voit qu'il est efficace. Nous n'avons jamais eu envie de faire machine arrière", avait encore confié l'entraîneur au journal L'Equipe avant de battre le Stade français (33-27), un autre concurrent pour le maintien, le 4 mars.
"Si le terrain n'avait pas été synthétique, nous serions arrivés sur le même type de projet qui marque un coup d'avance", a encore affirmé Buononato en conférence de presse.
"Pour nous, le rugby d'occupation, on le verra de moins en moins. Il y aura toujours des contre-exemples, mais l'évolution de la règle et de l'arbitrage vont de plus en plus en faveur de l'équipe qui attaque. Nous sommes désormais dans un système porté sur l'offensive", analyse le technicien.
Mais au-delà des intentions affichées, les Oyomen s'en remettent aussi souvent à la botte du Néo-zélandais Benjamin Botica. Au point de se créer une certaine dépendance?
"En fait, nous nous la sommes créée nous-mêmes. Notamment sur le but en lui confiant la quasi-totalité des pénalités et transformations", reconnaît Buononato.
Aucune impasse
"Mais ce n'est pas lui qui prend tout le jeu au pied comme face à Toulon où d'autres ont assuré ce rôle, car nous sommes conscients que Benjamin est ciblé par les autres équipes désormais", tempère le directeur sportif.
Il nous donne de "l'assurance", mais "d'autres peuvent le suppléer, notamment sur les pénalités", fait-il remarquer.
Avec sa philosophie nouvelle et sa "pépite" Botica, Oyonnax aborde la dernière ligne droite de la lutte pour le maintien qui passera par deux confrontations majeures avec des concurrents directs: Brive (14e) que le club du Haut-Bugey recevra le 14 avril et Agen (11e) où il se rendra huit jours plus tôt.
"Nous allons nous déplacer deux fois de suite quand Brive va recevoir. Les choses peuvent s'inverser. La réception de Brive, le 14 avril (24e journée) nous permettra de voir où nous en sommes".
Mais "nous allons envoyer nos forces vives à Pau. Il n'y aura pas d'impasse", assure Adrien Buononato, qui se projette: "Si nous gagnons à Pau, nous n'aurons pas besoin de regarder ce qui se passera à Agen et Brive".