Invité de l'émission "Vous êtes formidables", sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, le pépiniériste Daniel Soupe voue une passion pour la botanique. Il ne se contente pas de semer des graines pour faire pousser des arbres. Il fait aussi preuve d'ingéniosité, au point d'avoir créé des clôtures végétales que rien ne peut traverser.
Il reste optimiste malgré la marche chaotique du monde. C’est à Chatillon-sur-Chalaronne, dans l’Ain, que ce pépiniériste a créé son entreprise en 1975. Daniel Soupe l’a aussitôt placée sous l’innovation, la priorité au naturel, avec l’objectif d’anticiper l’évolution climatique.
C’est pourtant dans la province d’Anvers, en Belgique, qu’il a eu le déclic. Au cœur de l’arboretum de Kalmthout, il se souvient avoir découvert la botanique « dans toute sa splendeur », précise-t-il. « Je pensais qu’il n’existait qu’une dizaine, voire une vingtaine d’espèces de chênes. Et, sur place, j’en ai découvert jusqu’à 300 !», s’exclame-t-il. « J’étais déjà dans ce métier, mais je ne connaissais pas vraiment la botanique », reconnait-il.
Daniel est issu d’une famille d’agriculteurs. Son père, très en avance sur son temps, était contraint de trouver des méthodes économiques. Il inventait des astuces à la pointe du progrès pour cette époque. « Il avait même monté une centrale biogaz, qui lui permettait de produire du méthane à partir du fumier des vaches. Son projet était de le compresser, de le mettre en bouteille, pour faire fonctionner les tracteurs. Ce qui, à l’époque, ne se faisait pas du tout », se souvient-il.
Il plante des arbres... comme des légumes
Destiné à reprendre l’exploitation, Daniel a suivi des cours en agriculture jusqu’à obtenir ses diplômes. « Mais finalement, c’est mon petit frère qui en hérité, et mon père m’a prié d’aller travailler à l’extérieur quelques années. » Il œuvre alors auprès d’un paysagiste et décidé qu’il vouera sa vie à faire pousser des arbres.
Pour lui, c’est comme faire pousser des légumes. « C’est la même mécanique » sourit-il. « On sème des graines, comme pour le blé et le maïs. Même si c’est peut-être plus raffiné et compliqué, c’est la même chose. Il faut une nature de terrain qui convienne, qui soit très légère. Mais on sème toutes les espèces dans les mêmes sols. C’est seulement la deuxième année qu’il faut des sols différents.»
Il aime beaucoup voyager, et découvrir. « Il faut aller, avec son sac à dos, en haut des montagnes, pour dénicher les espèces rares. Il ne faut pas rester sur le bord des routes », explique-t-il. C’est aussi l’occasion de faire des rencontres mémorables. C’est ainsi qu’à Arlay, dans le Jura, il fait la connaissance du botaniste Marc Laferrère, connu notamment pour avoir longtemps œuvré au parc de la Tête d’Or, à Lyon. « C’était un homme de terrain. Un passionné de botanique et d’ornithologie. Et vraiment un écologiste avant l’heure. Il m’a donné le virus, en me montrant des espèces extraordinaires. »
Daniel Soupe aime tous les arbres. « Ils ont tous une valeur. Même si certains ont une valeur supérieure aux autres. » Parmi ses préférences, il évoque spontanément le tilleul Rihanna. « Il fleurit bien après tous les autres. La feuille est aussi belle que la fleur. Les jeunes feuilles, en particulier, sont magnifiques », commente-t-il. Il cite aussi l’Evodia. « Il fleurit deux fois, c’est extraordinaire. Et la deuxième fois, ce sont les fruits qui passent pour des fleurs. On a donc l’impression qu’il refleurit, mais qu’il passe du jaune au rouge. » Très vite, il se focalise sur les espèces sauvages. Il les introduit en culture, et, plus original, directement en grande taille, pour une utilisation en espaces verts. Il se positionne comme un spécialiste des grands arbres.
Plus surprenant, il conçoit notamment des haies naturelles, qu’il estime plus solide que les cloisons classiques, comme les métalliques. « Par rapport au béton, mes clôtures végétales sont même 20 fois supérieures », confirme-t-il. Il a fini par déposer un brevet sur ces clôtures végétales. « Elle a été testée par le Ministère de la défense, à Paris. Ce qui a permis de démontrer que c’était bien supérieur à tout ce qui existe, dans le monde, en terme de clôtures passives », explique son concepteur.
Un 30 tonnes ne passe pas !
« L’idée m’est venue, à la base, avec les haies dans le Charolais. Les paysans les plissaient pour empêcher les vaches de passer. Et j’ai pensé à les tresser. On plante deux arbustes et on les tresse à 15 centimètres du sol. C’est un long travail, auquel on intègre du métallique, comme du fil de fer ou de l’anti-bélier ». Le résultat est surprenant. « Un 30 tonnes ne passe pas ! » conclut-il fièrement. « Et il est impossible de passer par au-dessus, car il n’y a pas de portance. »