Roland Rappaport, avocat engagé qui a défendu des militants indépendantistes algériens et porté la voix des enfants d'Izieu, victimes de la barbarie nazie, au procès Barbie, est mort lundi 26 juin à l'âge de 83 ans, a-t-on appris ce jeudi 29 juin.
Le décès de Maître Roland Rappaport a été confirmé par le Syndicat des avocats de France (SAF), une organisation marquée à gauche, et à laquelle il a appartenu dès ses débuts.
La carrière de cet avocat de renom a été aussi, et surtout, empreinte de son combat pour les enfants d'Izieu.
Il "fut d'abord l'homme des indignations devant toutes les formes d'injustice ou de discrimination", a déclaré l'avocat Jean-Louis Brochen dans un hommage diffusé par le SAF.
Devenu avocat en 1956, en pleine guerre d'Algérie, Roland Rappaport a défendu devant les tribunaux militaires des militants du Front de libération nationale (FLN) et du Parti communiste algérien.
Lui-même membre du Parti communiste français de 1949 à 1979, il a également été président du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) en 1988 et 1989.
Roland Rappaport a dénoncé la torture en Algérie, en particulier en assistant la famille de Maurice Audin, jeune mathématicien et militant anticolonialiste disparu après avoir été arrêté à Alger en 1957 par des parachutistes français.
Il a également plaidé au procès Barbie pour Sabine Zlatin, fondatrice de la colonie d'Izieu dans laquelle des enfants juifs trouvèrent refuge pendant l'occupation nazie. Le 6 avril 1944, 44 enfants juifs ont été raflés dans cette maison située dans l'Ain sur ordre de Klaus Barbie, puis déportés vers les camps de la mort.
L'avocat est décédé alors qu'il se rendait à la cérémonie d'inauguration d'un collège au nom de Sabine Zlatin, la "Dame d'Izieu".
Roland Rappaport, qui a aussi défendu des pilotes de ligne et leur famille, en particulier au procès du crash du Concorde, a aussi fait des apparitions au cinéma, dans "Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma soeur et mon frère" (René Allio) et "Bamako" (Abderrahmane Cissako).