"Je ne peux plus supporter, ni cautionner" : une infirmière raconte pourquoi elle démissionne de l'hôpital public

Plusieurs syndicats ont appelé à la grève dans les hôpitaux publics, le 20 juin 2023 pour alerter sur le manque de moyens. Quand la pression est trop forte, de plus en plus de soignants font le choix de démissionner. Témoignage d'une infirmière, à bout, après neuf ans dans un service de psychiatrie.

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Il a 4 mois, Lydie, 31 ans, a décidé de quitter l’hôpital psychiatrique du Vinatier à Lyon, son tout premier poste d’infirmière. 

Elle a débuté en 2014, par choix, par conviction. Lydie défend l'idée d'un accès aux mêmes services de santé pour tous. Mais, la situation s'est dégradée d'année en année. "J'ai adoré mon métier, c'était super et puis petit à petit, la pression a été de plus en plus forte pour soigner très vite les patients." 

Être rappelée au travail sur des jours de congés, le stress au quotidien… Les derniers mois, Lydie prenait ses gardes la boule au ventre. "Devoir appeler une famille pour dire votre fils va sortir demain alors qu'il n'était pas stabilisé et que toute l'équipe était inquiète pour lui, c'était insupportable." 

Je me suis dit que je ne pouvais plus continuer. C'est difficile, car je suis devenue infirmière pour travailler dans l'hôpital public, mais ça n'était plus possible de rester. En tout cas, pas dans ces conditions.

Lydie, infirmière

Au bout de neuf ans de carrière, Lydie a dit stop, et a signé sa demande de disponibilité pour exercer dans un service de médecine au travail en secteur privé.

3 infirmiers sur 10 envisagent la démission

"Je ne peux plus supporter, ni cautionner. Je n'ai pas été infirmière pour mal soigner les gens à ce point-là ! On ne peut plus supporter le rythme, la pression. On ramène du stress à la maison, de l'inquiétude pour les patients. Il faut prendre une décision pour soi. Moi, je l'ai prise, mais j'ai toujours espoir de revenir travailler dans l'hôpital public. J'ai quitté un poste de titulaire de la fonction publique, pour un poste d'intérimaire, mais je retrouve un peu de sens à mon métier de soignante et ma charge mentale est diminuée."  

L'Ordre national des infirmiers (ONI) pointait, dès fin 2022, un risque de démissions en hausse. D'après un sondage mené par l'organisation, 29% des répondants "envisagent de quitter le métier dans les 12 mois à venir" et "seulement 27% conseilleraient le métier à leurs proches ou à leurs enfants"

Selon le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) un nouveau diplômé sur trois abandonne dans les cinq ans. 

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